« Nous sommes d'accord pour revaloriser les médecins et la hausse à 26,50 euros n'est qu'une étape », a déclaré ce lundi Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie, dans un entretien au journal « Les Échos ». Après l'échec des négociations conventionnelles en mars et l'entrée en vigueur du règlement arbitral, le patron de la Cnam a fait clairement son mea culpa. « Nous avons sans doute mal estimé le malaise de la profession », dit-il.
Thomas Fatôme semble vouloir aussi en changer de méthode car il n'entend pas « reproduire les propositions qui avaient été faites en début d'année » et qui avaient été très critiquées par les syndicats lors des négociations au premier trimestre 2023. L'Assurance-maladie avait, en effet, proposé de conditionner la revalorisation de la consultation du généraliste à 30 euros, mais uniquement pour ceux qui auraient accepté de signer un contrat d'engagement territorial avec des contraintes supplémentaires (gardes, ouverture le samedi, exercice en zone de faible présence médicale…).
Dans cet interview au quotidien économique, Thomas Fatôme a aussi réitéré sa volonté de « réduire les écarts (de rémunération = N.D.L.R.) entre généralistes et spécialistes ». C'est une demande de longue date de MG France. « Aujourd’hui, quand je vois que les généralistes gagnent en moyenne 90 000 euros par an, contre 140 000 pour les spécialistes, je me dis que ce n’est pas normal, qu’il faut rééquilibrer cela », avait déjà reconnu Thomas Fatôme lors du 16e congrès du Collège de médecine générale (CMGF) organisé en mars à Paris.
Premier signe d'ouverture pour la MG France
Les propos de Thomas Fatôme restent ce lundi très diversement appréciés du côté des représentants des médecins libéraux. Alors que les signaux perçus comme en défaveur de la médecine générale se multiplient (campagne de contrôle des arrêts de travail, propositions de la Cour des comptes sur les soins de ville..), « c'est le premier signe d'ouverture positif pour retourner à la table des négociations à la rentrée », répond au « Quotidien » la Dr Agnès Giannotti. La présidente du syndicat de généralistes, prudente, dit attendre encore la nouvelle lettre de cadrage du ministre pour se prononcer. Elle rappelle qu'en matière tarifaire, « la ligne rouge du syndicat est le C à 30 euros ».
La CSMF, quant à elle, demande des actes. « C'est heureux que Thomas Fatôme ne va pas remettre le contrat d'engagement territorial, lance le Dr Franck Devulder, président de la CSMF. Pour aboutir à un accord, il faudra donner les moyens de réussir ». Le gastroentérologue de Reims rappelle que « si le directeur général considère que 26,50 euros ne doivent être qu'une étape, la prochaine doit être à 30 euros car l'inflation est passée par là ».
Contactée, la présidente du SML, la Dr Sophie Bauer, ne cache pas son agacement. « J'attends de voir si Thomas Fatôme a vraiment changé de méthode, souligne-t-elle. Dernièrement, j'ai eu l'occasion de rappeler à la Cnam les revendications du SML, c'est-à-dire le C à 50 euros, l'ouverture du secteur II à tous et moins de forfaits ».
Pour le moment, aucun calendrier de reprise de négociation n'est avancé du côté du ministère de la Santé. Lors de son audition devant le Sénat la semaine dernière, François Braun avait reconnu que les discussions se poursuivaient avec les syndicats de médecins libéraux. « J'ouvrirai les négociations quand nous serons sûrs d'aboutir. Nous sommes d'accord sur la cible à atteindre et nous discutons encore du chemin », a-t-il affirmé.
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