LE TEMPLE parisien de la biodiversité, réputé comme étant le plus grand au monde, s’apprête à une rénovation digne de son rang (elle a commencé en 2006 mais finira en 2 012). Érigée entre 1930 et 1935, la galerie de botanique du Muséum national d’histoire naturelle, située dans le jardin des Plantes, le long de la rue Buffon, était conçue pour accueillir 6 millions de spécimens. Aujourd’hui, les collections sont estimées à près de 11 millions de spécimens provenant de toutes les régions du monde et appartenant à tous les groupes végétaux, des mousses aux fougères et aux plantes à fleurs en passant par les algues. Même s’ils ne sont plus considérés comme des plantes, les champignons, qui constituent les collections de mycologie avec les lichens, font également partie de l’ensemble.
L’histoire des collections de l’Herbier du Muséum, dont la vocation est la recherche en systématique botanique, commence avec les quelque 9 000 plantes de Joseph Pitton de Tournefort, nommé botaniste au jardin du roi en 1683. C’est à la création du Muséum en 1793 qu’il est décidé de créer un herbier général rassemblant les diverses collections rapportées lors des grandes explorations. Odile Poncy, chef du chantier botanique pour la rénovation de l’herbier, estime qu’ « environ 80 % des collections sont constituées de plantes récoltées avant 1900 ». Les collections qualifiées d’historiques (formées notamment par les botanistes Jussieu, Lamarck et Michaux) sont conservées séparément, le plus souvent en raison de l’intérêt de maintenir leur classement d’origine, qui traduit l’état des connaissances d’une époque donnée.
L’herbier le plus ancien conservé au Muséum date de 1558, c’est un petit volume relié contenant 313 plantes récoltées par Jehan Girault, « pour l’heure étudiant en chirurgie » à Lyon. « Bien séchés et conservés bien à plat, les herbiers peuvent traverser les siècles sans problème », confirme Odile Poncy, à condition qu’ils ne rencontrent pas certains insectes ravageurs comme les vrillettes du pain, qui « boulottent surtout les fleurs ». Au Muséum, les risques de moisissure sont moindres qu’à Kew Garden, en Grande-Bretagne, où l’humidité est plus élevée.
Esthétiques, les couleurs de l’herbier ne sont toutefois pas décisives sur le plan scientifique. Ce sont les fleurs et les fruits qui sont les plus pertinents, les caractères végétatifs (feuilles) étant très variables. Toutefois, l’intérêt des botanistes est de récolter sur le terrain le plus de matériel possible. Au Muséum, les botanistes restent pour la plupart spécialisés dans l’exploration et l’étude des végétations et flores tropicales (Madagascar, Afrique tropicale, Nouvelle-Calédonie, Asie du sud-est, Guyane).
Des outils pour la recherche.
La collection dans son ensemble est constituée majoritairement (à 90 %) par des planches d’herbier qui comprennent les échantillons, soigneusement attachés et accompagnés obligatoirement d’une étiquette,
sur laquelle on trouve diverses informations telles que la date de la récolte, la description, la localité (voire, aujourd’hui, les coordonnées GPS). Depuis quelques années, des fragments de feuilles sont séchés et conservés en gel de silice pour des extractions ADN. Lorsqu’un botaniste décrit une espèce considérée comme nouvelle, il lui attribue un nom de genre et un nom d’espèce en latin, l’espéranto des botanistes. Il désigne ainsi un spécimen de référence appelé « type » : l’herbier du Muséum est riche de plus de 500 000 types, ce qui en fait l’un des plus consultés au monde. Si les collections de cryptogamie (les plantes sans fleurs comme les mousses, algues, fougères) et de mycologie seront peu modifiées par la rénovation, l’ordre de classement des collections de phanérogamie (plantes avec organes de reproduction visibles) sera revu. Une fois inventoriées, numérisées et informatisées, ces collections fourniront des outils de la connaissance mondiale, utiles, non seulement à la recherche fondamentale mais à la recherche en pharmacologie, cosmétique et en écologie.
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