Entorses de cheville, luxations de l’épaule, côtes fracturées, rupture d’un ligament croisé… À 32 ans, Romain Loursac a déjà connu de nombreuses blessures. La dernière en date, une fracture de la malléole survenue en janvier 2017, a d’ailleurs conduit le médecin rugbyman à mettre un terme à sa carrière de joueur.
En dix saisons passées entre le Top 14 et la Pro D2 (les première et deuxième divisions du rugby français, ndlr), Romain Loursac aura passé trop de temps à l’infirmerie. Et dans les moments difficiles, le joueur se réfugie dans sa deuxième passion. En parallèle de sa carrière, l’arrière du LOU (Lyon olympique universitaire) suit des études de médecine. « Quand tout se passe bien et que tu gagnes les matches, c’est difficile de retourner au travail. Mais quand cela se passe mal, on est tellement content d’avoir autre chose », confie-t-il d’une voix posée au Généraliste.
Impossible choix
« Je voulais faire de la médecine depuis tout petit », assure Romain Loursac. S’il chausse les crampons dès ses 5 ans, le médecin ne s’imagine pas devenir pro. Cela tombe bien, l’homme aurait été bien incapable de choisir entre ses deux passions. À l’époque, la question ne se pose pas. « Le rugby n’était pas encore complètement pro. Les mecs jouaient et bossaient à côté », se souvient le Dr Loursac.
Après son bac, Romain Loursac entre en PACES. Le LOU Rugby, où il évolue en -19 ans, l’autorise à rater l’un des trois entraînements hebdomadaires mais le joueur échoue, à trente places près. Toujours dispensé d’une séance par semaine, l’arrière redouble et interrompt momentanément le rugby après le premier semestre pour mettre toutes les chances de son côté. « Je flippais un peu », admet l’intéressé. L’essai est cette fois transformé et Romain Loursac accède à la seconde année.
Des études axées sur la médecine du sport
Romain Loursac devient professionnel lors de sa troisième année. Grâce aux aménagements de son club, de son université, et des hospices civils de Lyon – où il effectue son internat - l’arrière d’1,80 mètre parvient à conjuguer études et haut niveau. Et ce jusqu’en dehors des terrains. « Quand je faisais les soirées médecine, je disais à mes potes du rugby de venir, les fêtes se valent », s’amuse-t-il.
Après quatorze années d’études et trois titres de champion de France de Pro D2, il est diplômé en médecine générale. Une spécialité qu’il n’envisage pourtant pas d’exercer. « C’est beaucoup trop dur. J’ai les bases mais j’ai toujours voulu faire de la médecine du sport, confie ce compétiteur. J’ai axé tout mon internat autour de cet objectif. » Le titre de la thèse qu’il défend en mars 2017 en atteste : « Intérêt de l’utilité du Meopa (mélange équimolaire oxygène protoxyde d’azote) dans la prise en charge des blessés sur le terrain dans le championnat de France de rugby professionnel. »
Trouver les bons mots
Depuis, le Dr Loursac a intégré le staff médical du LOU, a été nommé médecin de l’équipe de France féminine de rugby et valide un DESC de médecine du sport au sein du service orthopédie de l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon.
Grâce la bienveillance de sa cheffe de service, le Pr Elvire Servien, Romain Loursac partage son temps entre l’hôpital et les terrains de rugby. Passé de l’autre côté, il s’inspire des médecins qui l’ont marqué et réconforté. Parmi eux : le Dr Hager, médecin du LOU qui l’a « suivi toute [sa] carrière », le chirurgien Bertrand Sonnery-Cottet, « génial » lors de son opération du croisé, ou encore le kiné du club, Pierre Robert. Au sujet de ce dernier, Romain Loursac confie : « J’ai beaucoup appris à ses côtés sur la gestion de la blessure et sur l’empathie ». Avec ses blessures à répétition, l'ancien rugbyman connaît l’importance des mots : « Je sais que les blessures ont une grosse répercussion dans une carrière sportive. Mon vécu me permet d’être assez proche et de trouver les mots les plus justes. »
C’est justement dans le rapport avec le sportif que celui qui a affronté Jonny Wilkinson et joué aux côtés de Sébastien Chabal et Lionel Nallet (ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, ndlr) s'épanouit. Un plaisir similaire à celui procuré par un essai marqué devant des milliers de supporters ? « Si je suis honnête, j’ai pris plus de plaisir au rugby, admet-il. Ce n’est pas comparable. Il y a rarement des milliers de personnes qui t’applaudissent. Ce ne sont pas les mêmes enjeux. C’est plus grisant, c’est peut-être plus égoïste. »
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