Michel va être amputé d’une phalange d’orteil. Pour ce patient diabétique, déjà amputé de l’autre jambe, le diagnostic était attendu. Par le biais d’une tablette numérique, le Dr Chloé Trial, médecin généraliste spécialisée en gériatrie, lui a pris un rendez-vous au CHU de Montpellier dans la perspective de l’opération.
Depuis son bureau au CHU, le Dr Trial analyse l’évolution de la plaie alors qu’un infirmier libéral se trouve aux côtés du patient. « Il y a du mieux », évalue-t-elle avant de donner à l’infirmier les instructions nécessaires au bon traitement de la plaie dans l’attente du rendez-vous à l’hôpital programmé dix jours plus tard.
Trouver le modèle économique
Michel prend part à une première : un programme expérimental de télémédecine lié à la dermatologie. Baptisé Domoplaies, ce projet interrégional implique la Basse-Normandie et le Languedoc-Roussillon. Cofinancé par l’Union européenne (coût total, 3,5 millions d’euros), il a permis un millier de téléconsultations (dont 850 en Languedoc-Roussillon). « L’objectif est à terme de suivre 1 500 patients dans notre région (700 en Basse Normandie, ndlr), ce qui représente environ 4 500 actes de télémédecine par an », avance le Dr Luc Teot, responsable de l’équipe médicale plaies-cicatrisation au CHU de Montpellier.
« Que l’on ne s’y trompe pas : l’objectif est bien de trouver un modèle économique qui permette de pérenniser cette démarche », explique la directrice régionale de l’ARS du Languedoc-Roussillon, le Dr Martine Aoustin. « Le but est d’apporter plus de confort au patient qui, souvent, ne souhaite plus se rendre à l’hôpital, mais aussi de faire réaliser des économies à l’assurance-maladie en évitant des frais de transport. »
Ainsi, l’expérience pourrait servir de base à la réflexion sur une rémunération du « téléacte » médical.
Gain de temps
Une étude a été lancée en avril sur 220 patients dont 110 bénéficient de la télémédecine. « Les résultats de ce travail permettront d’évaluer l’efficacité du dispositif sur le suivi des plaies complexes, son impact financier et le ressenti des patients et des médecins », explique-t-on au CHU de Montpellier, qui héberge avec son homologue de Nîmes et la clinique mutualiste catalane de Perpignan, un des trois centres experts de Domoplaies.
Composé de cinq médecins généralistes et dermatologues, ces centres travaillent avec les autres services qui suivent des patients souvent touchés par des polypathologies. « Le système informatique nous permet de sélectionner, en fonction du patient, le nom des destinataires d’un rapport prérempli de la téléconsultation », présente le Dr Trial.
Après la consultation de Michel (12 minutes montre en main, petit souci technique inclus), le Dr Trial complète en trois minutes son compte-rendu, photo des plaies à l’appui. Le document est instantanément adressé aux confrères - généralistes et chirurgiens - qui suivent le patient. Expérimental, le programme doit encore être amélioré avec une messagerie sécurisée, et l’intégration automatique des comptes rendus au dossier médical personnalisé que le CHU de Montpellier a mis en place voilà un an.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature