Le Dr Valérie Bourdinaud vient de terminer une consultation à distance avec l’un des EHPAD engagés dans le projet TMG 91 (télémédecine en gériatrie dans l’Essonne). La responsable du pôle ambulatoire de l’hôpital Les Magnolias (HPGM), établissement privé gériatrique réputé pour la qualité de sa prise en charge des personnes âgées, est satisfaite. La téléconsultation s’est bien passée. Pas de problèmes techniques. « Le son pourrait être amélioré », concède-t-elle.
La salle équipée pour la télémédecine, que tout le monde ici appelle la « cabine » par abus de langage, se singularise par la présence de son écran en trois volets, la partie centrale étant réservée à la communication de l’image entre les sites distants, tandis que les volets latéraux permettent d’afficher informations du dossier patient, résultats d’imagerie, etc.
« La télémédecine, ce n’est plus une question technique, mais d’usage », affirme la gériatre après un peu plus d’un an d’expérience et 80 téléconsultations. Les bénéfices de l’exercice sont patents et démontrés de longue date : la téléconsultation facilite l’accès à des soins spécialisés pour des personnes fragiles qui risquent, de surcroît, d’être désorientées à l’occasion d’un déplacement de la maison de retraite vers le service hospitalier expert.
Le projet TMG 91 ne se limite pas à la téléconsultation
Pourtant, « il faut continuer à faire un travail de conviction, de sensibilisation », constate le Dr Bourdinaud qui ne manque pas de se faire inviter aux commissions gériatriques organisées par ses confrères pour leur vanter l’intérêt de la télémédecine. Après avoir été sceptique, au départ, elle avoue aujourd’hui une motivation sans failles qui tient au fait que la téléconsultation ne rapproche pas seulement un patient d’un spécialiste éloigné ; elle favorise aussi les échanges entre les professionnels autour du patient. « C’est un formidable outil d’amélioration des pratiques qui peut aider à évoluer, en matière d’iatrogénie par exemple. » Il est vrai que ce que l’on appelle « la fonction apprenante de la télémédecine », par le transfert de savoirs en situation concrète, est désormais tout à fait reconnue. Mais, revers de la médaille, cet aspect « révélateur des pratiques » de la télémédecine constitue, aussi, un frein à son développement, observe la gériatre.
Le Dr Bourdinaud est accompagnée dans sa « croisade » par une infirmière coordinatrice qui joue un rôle clé, à la fois pour l’organisation des téléconsultations et dans la communication avec les EHPAD. « Je fais régulièrement le tour des établissements, raconte Sylvie Madrange, et je forme les infirmières impliquées dans les consultations à distance. Souvent, elles prennent l’initiative et peuvent motiver les médecins coordinateurs, voire les médecins traitants à prescrire une téléconsultation. » Elle constate que, la pratique étant récente, les professionnels n’y pensent simplement pas.
Les choses changent cependant assez vite : Sylvie Madrange a vu, récemment, un EHPAD valoriser son équipement de télémédecine à l’occasion d’une visite de pré-admission. « Dans cet établissement, la télémédecine fait d’ailleurs partie du projet de soins. » Il faut reconnaître que cette organisation a de quoi rassurer les résidents et leurs familles. D’autant que le projet TMG 91 ne se limite pas à la téléconsultation. Il permet également de mettre en place une télérégulation, précieuse pour éviter les recours non pertinents au Samu. Les EHPAD peuvent en effet faire appel à la plateforme médicalisée H2AD avec laquelle des protocoles de prise en charge ont été élaborés afin d’offrir la meilleure réponse à une situation d’urgence.
Les médecins régulateurs s’appuient, pour ce faire, sur le dossier du résident, mis à jour et transmis par l’EHPAD. Sur l’année 2014, le premier bilan des 500 appels en télérégulation apparaît positif avec 30 % d’hospitalisations évitées.
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