Dix ans après l'autorisation de vente en accès libre des médicaments sans ordonnance (OTC), « les prix se sont envolés » selon l'association de consommateurs Familles rurales qui a publié mardi les résultats de son étude annuelle sur les prix des médicaments.
Familles rurales dit avoir constaté une hausse de 9 % du prix moyen de son « panier » de médicaments les plus fréquemment utilisés dans la santé familiale entre 2010 (date de la création de son observatoire) et 2018*.
Parmi les augmentations les plus significatives, le prix de l'anti-inflammatoire Nurofen a bondi de 25 % depuis 2010, celui des pastilles pour la gorge Strepsils de 19 % et celui du médicament contre les aigreurs d'estomac Maalox de 12 %, selon l'association.
« Force est de constater que le gouvernement n'a pas réussi le pari d'offrir des prix publics concurrentiels et d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens » avec cette mesure, estime l'association.
Forts écarts entre les pharmacies
Familles rurales a aussi pointé des écarts de prix très importants de ces médicaments, qui peuvent varier du simple au triple selon les pharmacies.
Sur un panel de pharmacies bien plus large que celui analysé par Familles rurales (14 000 officines contre 84 pour l'association), la hausse des prix de vente des médicaments OTC a été de 6 % et non de 9 % depuis 2010, nuance Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), interrogé par l'AFP.
Or, l'inflation cumulée en France de 2010 à 2018 a quant à elle atteint « 10,5 % », les prix catalogue des fabricants de médicaments OTC ont augmenté « beaucoup plus » que l'inflation et la TVA sur ces produits est aussi passée de 5,5 % à 10 %, ajoute-t-il.
« Les pharmaciens ont donc pris sur leur marge les augmentations des prix catalogue, les hausses de TVA et une partie de l'inflation », conclut-il.
Les prix pas suffisamment visibles
Familles rurales regrette aussi le délitement de l'information accessible, affirmant que « 75 % des boîtes sont dépourvues d'étiquette » indiquant leur prix, et que la moitié sont rangées sur des présentoirs situés derrière le comptoir des pharmacies.
À partir de cet été, l'annuaire en ligne d'officines Lepharmacien.fr devrait indiquer aussi les écarts de prix des produits OTC et de parapharmacie dans 14 000 officines, afin d'améliorer l'information des patients, promet Philippe Besset.
Début avril, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est dite opposée à une récente proposition de l'Autorité de la concurrence d'autoriser la grande distribution à vendre des médicaments OTC, estimant qu'une telle réforme fragiliserait le réseau des pharmacies en milieu rural.
Le gouvernement prévoit en revanche d'assouplir les modalités de vente sur Internet de ces produits par les pharmacies, tout en veillant à la « sécurité » de ces achats, avait ajouté Agnès Buzyn.
La vente en ligne de médicaments sans ordonnance est très marginale en France, bien qu'autorisée depuis fin 2012.
Mais cela renforce la « jungle tarifaire qui règne sur ce secteur », et nombre de ces sites ne respecteraient pas leurs obligations d'information et de conseil des patients, dénonce encore Familles rurales. L'association invite les consommateurs à ne pas céder « aux sirènes publicitaires et à faire jouer la concurrence ».
Avec AFP
* L'association a relevé en septembre et octobre derniers les prix de 14 produits fréquemment utilisés par les familles dans 84 pharmacies ou sites Internet répartis sur 37 départements.
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