Rassemblement et cohérence. Voilà les deux maîtres mots de l’action du Collège
National des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
« C’est très important que notre société savante puisse continuer à représenter pleinement, sur un plan scientifique, notre discipline dans toute la richesse de ses composantes », indique le Pr Bernard Hédon, le président du CNGOF. Depuis quelques années, en effet, de multiples sociétés savantes spécialisées ont vu le jour dans différents domaines concernant la santé des femmes. « Et, pour assurer la solidité du Collège et sa capacité à représenter tous les aspects scientifiques de la spécialité, nous avons passé un certain nombre d’accords avec ces sociétés spécialisées, par exemple, dans la chirurgie gynécologique, la médecine maternelle et fœtale, le diagnostic prénatal, l’imagerie échographique ou la cancérologie gynécologique », souligne le Pr Hédon.
Ce dernier reconnaît que la gynécologie-obstétrique est une discipline très vaste.
« Mais elle a sa cohérence et il n’est pas question de revenir en arrière en l’amputant de domaines où des compétences spécifiques sont nécessaires. C’est le cas notamment en matière d’oncologie. Aujourd’hui, il y a un certain nombre de forces extérieures qui souhaiteraient, pour la prise en charge des cancers féminins, privilégier la dimension oncologique par rapport à la dimension gynécologie-obstétrique. Mais notre conviction est qu’il ne faut pas séparer les choses. La pratique de l’oncologie gynécologique au sein de notre discipline est source d’une meilleure qualité dans la prise en charge et le suivi des femmes. L’oncologie est certes un domaine qui requiert des compétences spécifiques, mais c’est important d’assurer une prise en charge globale des femmes atteintes de cancer. C’est la même chose pour la médecine de la reproduction ou le diagnostic prénatal. Il y a une grande cohérence à maintenir ces activités dans le champ de la gynécologie-obstétrique. Cela ne peut que tirer la spécialité vers le haut », souligne le président du CNGOF.
Pour le reste, le Collège reste actif dans la mise en œuvre de recommandations. « Lors du congrès de Montpellier, nous présenterons des recommandations dans trois domaines. Le premier est la prévention et la prise en charge de la prématurité spontanée. Nous employons ce terme de prématurité spontanée par opposition aux situations où un accouchement prématuré est imposé en raison d’une maladie de la mère. La prématurité spontanée est un vrai sujet de santé publique, avec un certain nombre de facteurs de risques pouvant être évités », indique le Pr Hédon.
Le CNGOF travaille aussi sur une recommandation concernant le prolapsus, en lien avec les urologues. « Nous allons faire un texte en commun avec eux. Enfin, le Collège va aussi émettre des recommandations sur les techniques d’IVG. C’est la première fois que nous allons délivrer des recommandations sur ce sujet important pour les femmes », indique le Pr Hédon.
Le Collège travaille aussi sur une recommandation sur l’accouchement normal ou à faible risque. Ce travail a été réclamé par la Haute autorité de santé (HAS) et le CIANE, un collectif constitué d’associations françaises concernées par les questions relatives à la grossesse, à la naissance et aux premiers jours de la vie. « Et bien c’est bien volontiers que nous travaillons sur ce sujet avec les associations et les sages-femmes », indique le Pr Hédon.
Ce dernier tient enfin à attirer l’attention sur le problème posé par un arrêté du 5 février 2016 réglementant la mise en place des dispositifs de stérilisation tubaire Essure. « Cet arrêté a été publié à l’initiative de la Direction générale de la santé (DGS) sans la moindre concertation. Et, sur plusieurs points, il est inapplicable et même potentiellement dangereux, en risquant de provoquer un retour en arrière, non justifié vers des techniques opératoires plus invasives », souligne le Pr Hédon. « La DGS a pris cet arrêté à la suite de plusieurs publications américaines et de données françaises de Gynérisq, montrant une fréquence de complications supérieure à celle qui était attendue. C’est un problème que nous prenons bien sûr sérieux mais qui est dû, en partie, à la généralisation de la technique, phénomène bien connu quand une technique se diffuse au-delà des experts qui l'ont mise au point. Elle justifie de renforcer notre vigilance individuelle et collective sur les aspects de formation et de pratique. Et nous allons augmenter notre offre de formations spécifiques dans ce domaine », indique le président du Collège, qui demande l’abrogation de cet arrêté. « Il va trop loin. La priorité, aujourd’hui, est d’améliorer les pratiques sans se laisser envahir par des craintes excessives et bannir cette technique de stérilisation tubaire moins invasive que les autres techniques opératoires », souligne le Pr Hédon.
D’après un entretien avec le Pr Bernard Hédon, président du CNGOF
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