Ni trop tôt, ni trop tard. L’un des enjeux de la greffe de cellules souches dans la sclérose en plaques (SEP) semble être de la faire au bon moment. Deux études américaines indépendantes, publiées dans le même groupe de presse à 3 semaines d’écart, montrent que l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) pourrait être une option très intéressante pour les formes rémittentes. L’étude la plus récente publiée dans le « JAMA » a même permis d’obtenir une amélioration neurologique avec un conditionnement non myéloablatif.
Contrairement aux cellules souches neurales ou mésenchymateuses, rapidement abandonnées pour l’allogreffe dans la SEP, les CSH suscitent un intérêt constant, puisque des essais sont menés depuis plus de 20 ans. Les premiers résultats ont été pourtant dissuasifs avec une aggravation neurologique secondaire chez des patients à un stade avancé et pour des formes progressives.
Les choses ont commencé à changer en la proposant plus tôt et dans des formes plus précoces inflammatoires de type rémittent. L’objectif visé par la greffe de CSH est de reprogrammer le système immunitaire et d’éliminer les clones pathogéniques à l’origine d’une inflammation auto-immune et la destruction tissulaire.
Une amélioration avec un conditionnement léger
L’équipe de Richard Burt de la Northwestern University Feinberg School of Medicine (Chicago) publie dans le « JAMA » les résultats très encourageants obtenus à 2,5 ans chez 123 sujets ayant une forme rémittente et 28 à titre compassionnel pour une forme secondairement progressive. La maladie était active (au moins 2 rechutes l’année passée et résistante à au moins une molécule approuvée).
Avec un conditionnement assez léger non myéloablatif (cyclophosphamide + alemtuzumab ou cyclophosphamide + thymoglobuline), l’allogreffe a permis de constater de meilleurs chiffres pour le score EDSS (Expanded Disability Status Scale) évaluant le handicap, qui passe de 4,0 à 3,0 après l’allogreffe à 2,5 ans de suivi médian, et à 2,5 à 4 ans.
Ce qui se traduit par une amélioration significative de l’EDSS, c’est-à-dire une diminution d’au moins 1 point, chez 41 patients à 2 ans et 23 à 4 ans. La survie sans récidive à 4 ans était élevée à hauteur de 80 % et la survie sans progression de 87 %. Des résultats satisfaisants ont été également constatés sur plusieurs critères secondaires, dont la qualité de vie et le volume lésionnel mesuré à l’IRM.
Une stabilisation avec un conditionnement intensif
Dans la seconde étude (HALT-MS), plus petite avec seulement 24 patients traités, publié le 29 décembre dernier dans le « JAMA Neurology », il s’agit de résultats intermédiaires à 3 ans de suivi d’une allogreffe après conditionnement myéloablatif, l’étude étant prévue 5 ans. Les sujets inclus par l’équipe de Richard Nash (Denver) devaient présenter des rechutes avec déficit neurologique sous traitement dans les 18 mois précédents. Pour un suivi médian de 3,5 ans, la survie sans signe d’activité de la maladie (absence de déficit neurologique, absence de rechute clinique, absence de nouvelles lésions à l’IRM) était 78,4 % à 3 ans.
Les survies sans progression et sans rechute clinique étaient respectivement de 90,9 % et 86,3 % à 3 ans. Il était question ici d’un traitement immunosuppresseur à fortes doses (carmustine + étoposide + cytarabine + melphalan + globuline antithymocyte de lapin). Pour autant, les effets secondaires constatés étaient attendus et réversibles, essentiellement hématologiques et gastro-intestinaux, sans effet neurologique toxique.
Ces résultats très positifs ne font pas perdre de vue qu’il ne s’agit là que de résultats à moyen terme. Pour évaluer l’intérêt d’un traitement dans la SEP, surtout s’il est intensif avec des risques à long terme indéterminés, « des périodes de suivi très longues sont nécessaires pour évaluer de façon correcte si la maladie a effectivement été reprogrammée sur le long terme, et aussi pour s’assurer que ces thérapies n’ont pas entraîné de préjudices injustifiés », conclut l’éditorial rattaché à l’étude du « JAMA ».
JAMA Neurology, publié le 29 décembre 2014. JAMA, publié le 20 janvier 2015.
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