SUR LES 35 000 médecins visés par l’accréditation (voir encadré), 7 158 sont à ce jour engagés dans la démarche. À charge pour eux de déclarer les événements dits « porteurs de risques ». La base de données, chaque jour alimentée, regroupe actuellement 3 370 déclarations.
Les cas rapportés de iatrogénie sont fréquents - par exemple une antibioprophylaxie inadaptée. De façon moins attendue, les médecins signalent un problème survenu en amont d’une intervention dans près d’un cas sur deux (45 % des déclarations). Et ce, toutes spécialités confondues. La Haute Autorité de santé (HAS) range ces déclarations dans une catégorie provisoirement baptisée « prérequis opératoires non remplis, ou mal remplis ». Frédérique Pothier, chef du service évaluation et amélioration des pratiques à la HAS, livre des exemples. « Il peut s’agir d’un problème dans l’identification du patient, du côté ou du site opératoire. Parfois, c’est un problème de matériel : soit le matériel n’est pas là parce qu’on a oublié de le commander, soit il n’est pas stérilisé, soit ce n’est pas celui qu’on attendait ».
À qui la faute ? Rarement à un médecin seul. « Bien souvent, reprend Frédérique Pothier, ce sont des erreurs systémiques. Cela peut être une erreur d’étiquetage de radiographie, une erreur de dossier. Parfois, cela commence par une erreur dans la lettre d’adressage au chirurgien, si le généraliste mentionne le côté droit au lieu du gauche ». La fréquence de ce type de déclarations - 45 % - est élevée. Ce qui ne signifie pas que 45 % des erreurs médicales observées au bloc sont des erreurs de côté, d’identité, ou de matériel. Mais si les médecins déclarent cela en priorité, « c’est la preuve que le sujet les préoccupe, et qu’ils sont en attente de recommandations », analyse Frédérique Pothier.
Des plans d’action seront déployés dès 2009. La recommandation de « check-list », notamment celle de l’OMS pour éviter les erreurs de côté, est à l’étude. La mise en place de registres de spécialité, également. « Ce registre, c’est une base dans laquelle les médecins d’une même spécialité rentrent toutes les données concernant l’ensemble de leurs patients (matériel utilisé, complications, durée d’hospitalisation, etc.), expose Frédérique Pothier . Cet outil permet aux équipes de se comparer. Un médecin, s’il s’aperçoit qu’il a plus de complications que la moyenne nationale, le voit tout de suite et peut mettre en uvre des pratiques correctives ». La chirurgie thoracique et la chirurgie cardiovasculaire ont déjà en place un registre de cette nature. D’autres spécialités vont leur emboîter le pas dès le début de l’année.
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