L’INFLUX ET L’EFFLUX du peptide Aß cérébral au travers de la barrière hémato-encéphalique sont régulés, respectivement, par le récepteur RAGE (Receptor for Advanced Glycation End products) et la protéine apparentée aux récepteurs des LDL (LRP). Il est logique de penser que la sortie du peptide toxique et sa séquestration au niveau des LRP solubles (sLRP) de la circulation pourrait réduire la symptomatologie de la MA. L’équipe de Vijayalakshimi Ravindranath a exploré l’action d’extraits de WS, une plante aux proriétés nootropiques (stimulant la cognition), sur le transport du peptide Aß.
Une première série d’expériences avec des souris APPSwind (un modèle murin de la MA) montre que le traitement des animaux pendant trente jours par des extraits de WS induit une abolition des troubles comportementaux (épreuve du labyrinthe de Morris), mais aussi une disparition des plaques amyloïdes au niveau du cortex et de l’hippocampe de souris APP/PS1 (un modèle transgénique de MA). Les concentrations en peptide Aß42 sont réduites de 77 % au niveau cortical et de 78 % dans l’hippocampe. Cet effet n’est pas en relation avec une répression de la protéine précurseur amyloïde (APP), dont le clivage est responsable de la production des peptides à l’origine de la plaque amyloïde.
Les Indiens notent, en revanche, une élévation du rapport Aß42/40 dans le sang entre 7 et 14 jours de traitement, ce qui suggère l’élimination du peptide pathologique du cerveau et son passage dans la circulation. Or ce sont les LRP qui régulent la sortie du peptide amyloïde. Qu’observent les chercheurs ? Une augmentation de l’expression de l’ARNm (ARN messager) des LRP hépatiques de 57 %, et des sLRP plasmatiques de 46 % au bout de sept jours de traitement par les extraits de WS, cette élévation s’accentuant (de 239 % et 274 %, respectivement) jusqu’à J30.
En outre, la régulation négative sélective des LRP hépatiques, mais non celle de la néprilysine (NEP, protéase dégradant le peptide Aß) hépatique, chez les souris APP/PS1, s’oppose aux effets thérapeutiques des extraits de WS. Ce qui indique que la NEP hépatique n’est pas impliquée dans l’élimination du peptide Aß cérébral.
Élimination du peptide Aß, régression des symptômes.
Ces travaux très excitants mettent donc en évidence un effet thérapeutique d’extraits du « ginseng indien » (75 % de withanolides, 25 % de withanosides) sur la plaque amyloïde à l’origine de la maladie d’Alzheimer. L’élimination du peptide Aß cérébral, au travers de sa séquestration, dans le plasma, par la protéine apparentée aux récepteurs des LDL, se traduit par une régression des symptômes de la maladie d’Alzheimer chez les souris âgées. Ces effets thérapeutiques, observés dans deux modèles murins distincts de la MA, doivent cependant être confirmés dans un modèle à angiopathie amyloïde cérébrale étendue pour être pleinement convaincants. La découverte d’un action de Withania somnifera sur la LRP hépatique est, selon les chercheurs, particulièrement intéressante compte tenu du rôle clef de cette protéine de surface dans l’élimination rapide du peptide toxique et sa dégradation ultérieure par les protéases hépatiques. Avant d’envisager toute évaluation thérapeutique chez l’homme, il conviendra d’identifier précisément les composants actifs dans les extraits de WS afin d’employer des doses adaptées.
V Ravindranath et coll. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne
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