Le Dr Sophie Fages (Directeur Medical Abbvie France) rappelle que « le venetoclax est le premier inhibiteur de BCL-2, une protéine anti-apoptotique fréquemment sur-exprimée dans la LLC ; en inhibant BCL2, Venclyxto entraîne le relargage des protéines pro-apoptotiques et déclenche l’apoptose des cellules malignes.»
Depuis la première publication en 2005 sur l’inhibition de BCL-2 (revue Nature), les chercheurs d’Abbvie se sont concentrés sur le développement d’inhibiteurs, avec la découverte du premier candidat-médicament, le navitoclax, lequel a été ensuite interrompu. Il faudra attendre l'année 2011 pour que le venetoclax soit évalué dans les premières études cliniques dans la LLC. Fin 2016, il obtient son autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne, en monothérapie, en troisième ligne de traitement. Fin 2018, il obtient une extension d'AMM, en association avec le rituximab, en 2ème ligne de traitement.
Le traitement de 2 ans validé
Ces autorisations reposent sur les résultats de l’étude pivot Murano (randomisée, en ouvert, ayant inclus 389 patients réfractaires à une première ligne de traitement). Les patients recevaient, en association au rituximab, soit de la bendamistine, soit du venetoclax pendant une durée de 2 ans.
Comme le souligne le Dr M.S. Dilhuydy (Bordeaux), on comprend l’intérêt d’un traitement limité dans le temps, en termes de survenue d'évènements indésirables, de pression de sélection et de coûts. Reste à vérifier que l’effet persiste dans le temps, objectif d’un suivi à 3 ans des 130 patients inclus dans l’étude Murano : les résultats présentés à San Diego sont démonstratifs avec 71 % des patients ne présentant pas de progression contre 15 % dans le bras bendamistine (HR = 0,16 ; 0,12 – 0,23). La survie globale est également augmentée de 10 % (HR = 0,50 ; 0,30 – 0,85).
La persistance de l’effet de Venclyxto est probablement liée à un très bon contrôle de la maladie résiduelle, comme le montrent d’autres résultats présentés à San Diego : 62 % de négativité (moins d’une cellule maligne / 10 000 leucocytes dans le sang périphérique) contre 13 % sous benclamistine, après 2 ans.
Résultats encourageants dans d'autres hémopathies
Le développement de Venclyxto ne s’arrêtera pas à la LLC poursuit le Dr S. Fagès avec déjà des résultats encourageants présentés dans la LAM (en association à de faibles doses de cytarabine) : 55 à 70 % de rémissions complètes avec une médiane de 8 mois et arrêt des transfusions dans la moitié des cas.
D’autres études sont en cours, notamment dans le myélome et dans plusieurs tumeurs solides.
Beaucoup de pistes et de partenariats
Venclyxto ne résume pas les espoirs d’Abbie qui entend bien devenir un acteur majeur en oncologie : plusieurs candidats - médicaments, plus de 20 programmes (dont 9 en phases III) dans 20 types de cancers, plus de 200 essais cliniques dans 49 pays. Cela grâce à plusieurs acquisitions (Stemcentrx, Pharmacyclics) et à de nombreux partenariats.
Un effort particulièrement marqué en France, premier pays européen en termes d’études de phase 1 en oncologie ; en 2019, l’oncologie représentera près de la moitié des essais cliniques d’Abbvie, dans notre pays.
Conférence de presse organisée par Abbvie France
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