Le réchauffement climatique devrait accroître les carences nutritionnelles dans les pays pauvres

Publié le 02/08/2017
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Crédit photo : VICTOR DE SCHWANBERG/SPL/PHANIE

Carences en fer, en zinc, en protéines… Les conséquences négatives du réchauffement climatique se précisent. Deux études viennent en effet d'en établir un scénario, sinon catastrophe, du moins préoccupant pour les pays en voie de développement. Au niveau mondial, 76 % de la population satisfont leurs besoins quotidiens en protéines à partir de plantes. Or l'augmentation des concentrations de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère liée au réchauffement planétaire pourrait d'ici 2050 réduire la valeur nutritive des récoltes clés avec un impact néfaste sur la santé des populations dans les pays en développement, avertit ainsi une recherche publiée dans la revue Environmental Health Perspectives et en partie financés par la fondation Bill & Melinda Gates.

Les auteurs, des chercheurs de la faculté de santé publique de l'Université de Harvard suggèrent que les populations de 18 pays pourraient ainsi perdre plus de 5 % de leur apport en protéines d'ici le milieu du siècle en raison de la réduction de la valeur nutritive du riz, du blé et d'autres récoltes importantes. Ils ont aussi estimé qu'environ 150 millions de personnes de plus pourraient courir le risque de carence en protéines en raison des concentrations élevées de CO2.

Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs se sont appuyés sur des expériences dans lesquelles des récoltes ont été soumises à de hauts niveaux de CO2. Ils ont également utilisé des informations diététiques, démographiques et sur les inégalités de revenus des Nations Unies. Ils ont ainsi déterminé que selon un scénario de concentrations élevées de CO2, la valeur en protéine du riz, du blé, du houblon et des pommes de terre diminuait de 7,6 %, 7,8 %, 14,1 % et 6,4 % respectivement.

Ces projections suggèrent une aggravation de la situation dans les pays d'Afrique sub-saharienne où des millions de personnes connaissent déjà des carences en protéines. En Asie du sud, les difficultés en matière nutritives vont aussi s'accroître, y compris en Inde, où le riz et le blé fournissent une importante partie des protéines quotidiennes et qui pourrait perdre 5,3 % de ses protéines dans le régime alimentaire standard d'ici 2050, ce qui pourrait faire courir un risque de carence pour ces nutriments à 53 millions de personnes dans la population.

"Cette recherche met en lumière le besoin pour les pays les plus vulnérables de s'assurer que leur population puisse satisfaire ses besoins nutritifs et, ce qui est encore plus important, qu'ils agissent pour réduire leurs émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre résultant des activités humaines", souligne Samuel Myers, du département de santé environnementale de la faculté de santé publique de Harvard.

Une autre recherche, dont le co-auteur est aussi Samuel Myers, publiée dans la revue GeoHealth, montre que des plus grandes concentrations de CO2 entraîneront des réductions de la teneur en fer dans les grandes récoltes. Les groupes les plus exposés sont 354 millions d'enfants de moins de cinq ans et 1,06 milliard de femmes en âge de procréer, surtout dans des pays d'Asie du sud et d'Afrique du Nord où la fréquence des cas d'anémie est déjà élevée. Ces nations pourraient perdre plus de 3,8 % de fer dans leur apport alimentaire au cours des prochaines décennies.

Ce n'est pas tout… Ces études montrent enfin que des concentrations élevées de CO2 vont probablement affecter les récoltes et provoquer des carences en zinc chez environ 200 millions de personnes.


Source : lequotidiendumedecin.fr