Alors que pendant longtemps l’éducation thérapeutique (ETP) avait souffert d’un manque de standardisation, l’HAS a publié en 2014 un guide très précis permettant d’homogénéiser les méthodes employées (2). Cependant, une minorité des patients souffrant d’insuffisance cardiaque (IC) en bénéficie. Seulement 16 % des patients hospitalisés pour IC aiguë au sein des hôpitaux de Paris étaient inclus en 2015 des programmes d’ETP (3), alors que ceux-ci devraient être couramment et largement utilisés dans les services hospitaliers de cardiologie et les centres de réadaptation cardiovasculaire. Il faut ainsi développer de nouvelles modalités d’éducation en se servant notamment des possibilités de la télémédecine. En effet, la télésurveillance des insuffisants cardiaques doit comprendre obligatoirement en France une prestation d’accompagnement thérapeutique.
Une ETP essentielle en télésurveillance
La télésurveillance des insuffisants cardiaques doit comprendre obligatoirement en France une prestation d’accompagnement thérapeutique tout au long du projet. Ceci paraît indispensable pour permettre au patient de s’impliquer dans sa surveillance et d’adhérer ainsi au plan de soins. Chaque séance d’accompagnement thérapeutique peut se réaliser, soit sous forme présentielle, soit à distance, par exemple par téléphone. Si le patient n’a pu bénéficier d’une ETP présentielle, un diagnostic éducatif doit être réalisé à l’inclusion pour établir les besoins et objectifs éducationnels individuels de chaque patient. Un nombre minimal de 3 séances individuelles de 1h, réparties dans les 6 mois suivant l’inclusion du patient, doit être réalisé. Cette fréquence pourra être intensifiée en fonction du profil du patient et pourra être enrichie par d’autres supports digitaux. Cet accompagnement sera réalisé en complément et en synergie avec les appels de gestion des alertes faits par le centre de suivi.
Pour être efficace, l’ETP nécessite un support motivationnel régulier. En effet, dans une étude randomisée, contrôlée, un programme d’ETP de 3 mois portant sur la réduction de la consommation en sel chez des hypertendus avec altération de la fonction rénale, retrouve une diminution significative de la natriurèse à l’issue du programme, disparaissant quelques mois après son interruption (4). Un accompagnement thérapeutique réalisé à distance, intégré à la télésurveillance, pourrait constituer la réponse à ce problème.
Une baisse de 30% de la mortalité
Les effets à long terme de l’ETP sur les changements d’habitude de vie et l’observance du traitement médicamenteux laisse espérer une efficacité sur la mortalité au cours de l’IC. C’est ce que suggèrent les résultats de la cohorte ODIN, réalisée chez 3237 insuffisants cardiaques. Par rapport à un groupe témoin non éduqué, une diminution de 30 % de la mortalité a été observée, grâce à un score de propensité, chez des patients ayant reçu une ETP après 2 ans de suivi (schéma 1).
(1) 2016 ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure The Task Force for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure of the European Society of Cardiology (ESC) developed with the special contribution of the Heart Failure Association (HFA) of the ESC. Eur Heart J 2016;37: 2129–2200
(2) Haute Autorité de Santé (HAS). Guide du parcours de soins Insuffisance Cardiaque. Juin 2014. ISBN 978-2-11-128524-8.http://www.has-sante.fr
(3) Laveau F, Hammoudi N, Berthelot E et al. Patient journey in decompensated heart failure : analysis in departments of cardiology and geriatrics in the Greater Paris University Hospitals. Arch Cardiovasc Dis 2017;110(1):42-50
(4) Juillière Y, Jourdain P, Suty-Selton C et al. Therapeutic patient education and all-cause mortality in patients with chronic heart failure : a propensity analysis. Int J Cardiol 2013;168:388-395
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