Après transfusion d'un sang transfusé après une longue durée de stockage n'est pas à l'origine de plus de complications et de décès qu'un sang conservé pendant une période plus courte selon une étude canadienne publiée dans le « New England Journal of Medicine », menée par le Pr Nancy Heddle, du département d'hématologie de l'université Mc Master (Ontario, Canada).
Au Canada comme en France, les concentrés de globules rouges sont conservés à 4 °C pendant une durée maximale de 42 jours. Au cours de cette période, des changements biochimiques et structuraux pourraient affecter les capacités des cellules sanguines à délivrer l'oxygène dans les tissus, et induire une augmentation de leur capacité à coaguler et donc d'accident cardiovasculaire. La très large étude du « New England » vient contrarier cette hypothèse.
Des résultats cohérents, quelle que soit la gravité
Recrutés dans 6 hôpitaux, répartis dans 4 pays, les 20 858 patients de l'étude ont été répartis dans deux groupes. Le premier, fort de 13 922 patients, a reçu le concentré de cellules sanguines le plus vieux disponible, stocké pendant plus de 23 jours en moyenne, tandis que le second, 6 936 patients, a reçu le sang le plus « frais » possible, dont la durée de stockage moyenne était de 13 jours.
Seuls des patients de groupes sanguins A et O ont été inclus dans l'analyse. « Nos analyses préliminaires ont indiqué que nous ne parviendrions pas à trouver une différence significative associée à une différence moyenne de 10 jours », justifient les auteurs. L'essai n’a pas pu être réalisé en double aveugle, car la législation exige que le transfuseur ait accès à toutes les informations concernant le produit sanguin qu'il utilise.
En tout, 634 décès à l'hôpital sont survenus au cours de l'étude, soit 9,1 % des participants du groupe « stockage court » sont décédés à l'hôpital et 8,7 % des patients du groupe « stockage long ». Il n'y a pas de différence significative et les résultats étaient similaires en incluant d'avantage de données issues des patients ayant un autre groupe sanguin que A ou O, ou en se concentrant sur les patients à haut risque. Ainsi la mortalité cumulée à un mois des patients qui recevaient une transfusion dans le cadre d'une chirurgie cardiaque était de 12,3 % dans le groupe stockage court contre 11,2 % dans le groupe stockage long. Le constat est le même pour les patients admis en soins intensifs (13,3 % contre 12,8 %) et ceux soignés pour un cancer (8,4 contre 8,8 %).
La conduite de cette étude n'a pas perturbé la gestion des stocks dans les établissements participant et n'a notamment pas augmenté le taux de prélèvements sanguins qui ont dû être écartés avant la transmission, ce qui est arrivé dans 0,5 % des cas.
Les auteurs citent d'autres travaux plus anciens qui montraient déjà que le sang conservé pendant longtemps avant d'être transfusé au patient n'est pas associé à une augmentation de la mortalité des patients. « Il s'agissait de population à haut risque, ces études n'avaient pas la puissance de détecter des différences mortalité faibles mais significatives », précisent les auteurs dont le travail est le premier à apporter une démonstration définitive dans ce domaine.
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