Une loi adoptée en 2015 fixe une réduction de cette part de 75 % à 50 % en 2025 au plus tard. Le président actuel a incité son ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, à repousser de dix ans cette échéance. En principe, le successeur de M. Hulot, François de Rugy, devrait acter cet ajournement. Dans le débat, d'une importance capitale pour l'économie de notre pays, la pression des lobbies favorables à l'énergie atomique joue un rôle essentiel et le président de la République, contrairement à son prédécesseur qui, toutefois, n'a pas exigé la fermeture de Fessenheim, la centrale française la plus ancienne, aurait été convaincu par leurs arguments. De sorte que les écologistes sont vent debout contre toute tentative de freiner le rythme des fermetures de réacteurs. Il y a pourtant des éléments, dans ce dossier à la fois technique et politique, qui devraient inciter les pouvoirs publics à commencer les fermetures.
En effet, les 58 réacteurs français ont été construits dans un laps de temps relativement court, entre 1977 et 1999, soit en vingt-deux ans. Lorsqu'ils arriveront à l'âge d'extinction, il faudra pratiquement les fermer tous à la fois, ou en tout cas, à un rythme frénétique qui n'est pas envisageable. En conséquence, deux questions se posent : la première porte sur le début des fermetures et leur rythme annuel ; la seconde concerne le remplacement des centrales. Soit nous franchissons le fossé qui nous sépare des énergies alternatives et durables, comme l'éolien et le solaire, soit nous construisons, à un rythme égal à celui des fermetures, de nouveaux réacteurs EPR. La construction du premier EPR français, celui de Flamanville dans la Manche, a commencé en 2007, soit il y a onze ans. Il n'est toujours pas terminé et ne devrait pas entrer en service avant 2020. Dans les milieux industriels, on estime que Fessenheim ne peut pas fermer tant que l'EPR n'est pas opérationnel.
L'autre argument des mêmes milieux est que la France ne peut pas abandonner complètement l'énergie nucléaire, domaine où elle a acquis, au prix de dépenses énormes et de retards accablants, une compétence indiscutable qui devrait lui permettre d'exporter des EPR, d'éviter les erreurs techniques et de comprimer les coûts. En outre, personne ne peut nous garantir que notre demande totale d'électricité sera satisfaite par les énergies alternatives. De la même manière, la construction de deux EPR tous les cinq ans à partir de 2030 et jusqu'en 2050 ne nous permettrait de compenser que 18 des 49 gigawatts dont nous avons besoin actuellement.
Le tout-électrique est-il possible ?
Ce dont nous sommes sûrs en revanche, c'est que les réacteurs actuels seront en fin de vie tôt ou tard, que l'on décide de s'en débarrasser ou que l'on tente de prolonger leur vie, comme on l'a fait pour Fessenheim. A quoi s'ajoute une autre préoccupation : un débat (musclé) agite les Français sur le prix des carburants. Ils sont de plus en plus taxés pour que le consommateur s'oriente vers des véhicules propres ou moins polluants. Pour le moment, c'est la voiture électrique qui a la faveur des constructeurs automobiles. Personne ne dit comment on peut passer au tout-électrique si la production d'électricité diminue en France. Seul un parc nucléaire suffisamment vaste permettrait de recharger les batteries, en l'état actuel des données dont nous disposons. Miser uniquement sur l'éolien et le solaire n'est pas possible : il faudrait tant d'éoliennes et de panneaux solaires que le territoire tout entier en serait recouvert.
Bien entendu, les écologistes font remarquer que ce raisonnement s'inscrit dans une économie de la consommation à tout-va. Il suffirait de vivre autrement, de rendre le transport public universel, de renoncer à la voiture particulière pour que le renoncement définitif au nucléaire soit possible. Inutile de préciser que tous les Français n'auront pas le même avis sur la question.
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