Une étude sur l’AMP en Europe

Le tourisme procréatif est une réalité

Publié le 01/07/2009
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LE NOMBRE de patients qui effectuent du tourisme procréatif pour pouvoir bénéficier de traitements contre l’infertilité n’est pas négligeable, indique la première étude de ce genre, présentée lors du congrès annuel de la Société européenne de reproduction et d’embryologie humaines. Selon le Dr Françoise Shenfield (University College Hospital de Londres), la coordinatrice de cette étude, il n’y avait auparavant que des preuves anecdotiques de ce phénomène. « Nous pensons que nos résultats pourront servir d’arguments aux patients, aux médecins et aux législateurs », indique-t-elle.

L’étude a été réalisée à partir de statistiques, recueillies sur un mois, venant de cliniques de six pays européens : la Belgique, la République tchèque, le Danemark, la Slovénie, l’Espagne et la Suisse. Au total, 1 230 formulaires ont été retournés. En extrapolant les résultats sur une année entière, le Dr Françoise Shenfield estime que le tourisme procréatif représente entre 20 000 à 25 000 demandes de traitement. Près des deux-tiers de ces patients venaient de quatre pays, l’Italie (32 %), l’Allemagne (14 %), les Pays-Bas (12 %) et la France (9 %).

Question de loi.

La principale raison de ce tourisme est d’échapper aux contraintes légales: c’est le cas de 80 % des Allemands, 72 % des Norvégiens, 71 % des Italiens, 64 % des Français. Les difficultés d’accès aux traitements sont citées principalement par les patients du Royaume-Uni. L’âge est aussi un facteur important dans le choix de ce tourisme, puisque l’âge moyen est de 37, 5 ans avec un ratio plus élevé pour les patients allemands et anglais. Le statut civil diverge selon les nationalités même si, globalement, 70 % des femmes qui font le voyage sont mariées et 6 % sont célibataires.

La majorité des personnes étaient seulement à la recherche de traitements d’AMP contre 22 % qui demandaient une insémination intra-utérine, 5 % faisant les deux demandes. Les traitements de l’infertilité faits à l’étranger sont très peu remboursés, indique le Dr Shenfield. Les Pays-Bas sont le pays le plus généreux. Les patients français peuvent être remboursés pour cause de délai dans leur propre pays à condition que leurs demandes soient légales (une femme célibataire ou homosexuelle, par exemple, ne pourra pas être remboursée). En outre, il est à noter que la Belgique est le principal pays d’accueil pour les Français, proximité exige.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr