Le virus Zika pourrait être utilisé pour détruire les cellules cancéreuses de patients atteints de glioblastome, selon une étude publiée ce mardi dans « The Journal of Experimental Medicine », par Zhe Zhu et ses collègues de l'école universitaire de médecine de Saint Louis et de l'université de Californie à San Diego.
L'une des principales difficultés qui bloque les efforts de traitement du glioblastome est sa localisation derrière la barrière hémato-encéphalique qui le met partiellement à l’abri du système immunitaire et de la chimiothérapie. Même après un traitement très agressif associant chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie, les patients rechutent généralement moins de 6 mois plus tard. Certaines équipes tentent d'ailleurs de perméabiliser cette membrane, à l'aide d'ultrasons par exemple, comme l'ont montré récemment des chercheurs français de la Pitié-Salpêtrière.
L'approche américaine est différente : elle consiste à détourner la capacité du virus Zika à infecter et détruire les cellules-souches composant le tube neural lors de la vie fœtale. Les cellules souches des glioblastomes, à l'origine des récidives après traitement, partagent en effet plusieurs caractéristiques avec les cellules souches neurales fœtales.
60 % de cellules tumorales infectées
Zhe Zhu et coll. ont injecté une souche atténuée du virus Zika, plus sensible à la réponse immunitaire, à 18 souris porteuses de tumeurs humaines. De tels virus sont facilement éliminés par le système immunitaire sauf au niveau de la tumeur. Au bout de 48 heures, la microscopie en immunofluorescence montre que plus de 60 % des cellules souches tumorales sont infectées par le virus. Les cellules tumorales différenciées étaient également infectées dans une moindre mesure.
La tumeur est significativement plus petite au bout de 2 semaines chez les souris traitées, en comparaison avec les 15 autres animaux composant un groupe placebo. Les 18 souris traitées ont vécu en moyenne plus longtemps que les souris du groupe placebo (50 % des souris traitées sont mortes au bout de 30 jours, contre 22 jours dans le groupe placebo). En association avec le témozolomide, généralement peu efficace contre ce genre de tumeur, la différence était encore accentuée.
Les auteurs ont mené des études complémentaires sur des cultures cellulaires de tissus tumoraux issus de patients humains épileptiques. Au bout d'une semaine, le virus Zika atténué avait progressivement infecté les cellules souches tumorales, délaissant les cellules tumorales différenciées et les cellules nerveuses normales.
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