L'embolie pulmonaire est à l'origine d'un sixième des hospitalisations liées à une syncope, nous apprend une étude publiée mercredi 19 octobre dans le « New England Journal of Medicine ».
Le Dr Paolo Prandoni, du département de sciences cardiovasculaire et de l'unité de médecine vasculaire de l'université de Padoue, et ses collègues, ont procédé à une recherche systématique de l'embolie chez 560 patients hospitalisés suite à une syncope de moins d'une minute dans 11 hôpitaux japonais, même quand une autre explication avait été avancée. Plus de 75 % des patients ont plus de 70 ans, et une explication de leur syncope autre que l'embolie pulmonaire avait été avancée pour 63,4 % d'entre eux.
Le diagnostic d'embolie pulmonaire était écarté d'emblée chez les 58,9 % de patients ayant un score de Wells faible, associé à un dosage négatif de D-dimer. Dans tous les autres cas, une angiographie par tomodensitométrie ou une mesure du rapport ventilation/perfusion était effectuée.
Une exploration payante dans la moitié des cas
L'embolie a ainsi été confirmée chez 97 des patients restant, soit une prévalence d'embolie pulmonaire de 17,3 % dans l'ensemble de la cohorte, et de 42,2 % chez les patients chez qui une exploration avait été menée (40 % chez les patients bénéficiant d'une tomographie et 49 % chez ceux qui un rapport ventilation/perfusion a été calculé).
Les auteurs précisent qu'une embolie pulmonaire a été diagnostiquée chez une part non négligeable des patients chez qui une explication alternative avait été avancée : 12,7 %, tandis que cela était le cas chez plus d'un quart des patients pour qui aucune autre étiologie n'était proposée. Un défaut de perfusion de plus de 25 % dans la zone touchée par l'embolie est observé chez 61 patients. Tous ces résultats étaient homogènes dans l'ensemble des centres de l'étude.
Des résultats « inattendus »
La prévalence de l'embolie pulmonaire chez les patients hospitalisés pour une syncope est mal connue, et les recommandations actuelles insistent peu sur leur diagnostic systématique, jugent les auteurs pour qui les chiffres de leur étude sont « inattendus », compte tenu des résultats des données de la littérature. « Il est à noter que les études précédentes qui impliquaient des patients victimes de syncope ont été menées sur des sous-groupes de patients sélectionnés, ce qui a résulté en une probable sous-estimation de la prévalence de l'embolie pulmonaire », précise les auteurs. Leurs travaux ne permettent toutefois pas de connaître le taux de thromboses veineuses profondes.
Les pertes temporaires de connaissance que sont les syncopes sont causées par une hypoperfusion cérébrale temporaire, qui peut avoir une origine neurologique, être causée par une hypotension orthostatique ou une cause cardiovasculaire, dont l'embolie pulmonaire. Dans ce dernier cas, la perte de connaissance est causée par une obstruction soudaine d'une artère pulmonaire proximale. Les auteurs estiment que la méthode utilisée au cours de l'étude - un premier tri par le score de Wells et le dosage de D-dimer suivi d'une exploration par tomographie ou par mesure du rapport ventilation/perfusion — pourrait servir de base pour une prise en charge des syncopes inexpliquées.
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