Actuellement, on estime qu’il y a environ 10 000 premiers épisodes psychotiques par an en France. Les recherches cliniques suggèrent qu’un repérage précoce de ces troubles, associé à la mise en route rapide d’un traitement antipsychotique optimal et des soins spécifiques de réhabilitation psychosociale, permettraient une meilleure évolution. Les conséquences de la psychose non traitée chez le sujet jeune sont à la fois sociales, psychologiques et biologiques. Afin de les limiter, la rémission symptomatique est un des premiers objectifs. Dans ce cadre, la prescription d’antipsychotique de seconde génération est recommandée, en première intention pour une durée de deux ans.
Les antipsychotiques d’action prolongée (APAP) sont souvent sous-employés, car jugés trop coercitifs ou assimilés au traitement de la maladie chronique. Or, de nombreux experts (1,2) recommandent désormais l’utilisation de tels dispositifs dès le début du trouble. Ils permettent une meilleure observance et contribuent à une diminution des rechutes et des réhospitalisations. D’autant plus que, dans le cadre d’un premier épisode psychotique, on observe un désengagement des soins et une mauvaise observance chez plus de 50 % des patients. Les ruptures thérapeutiques peuvent avoir des conséquences dramatiques : risque de tentatives de suicide ou de gestes auto-agressifs, désengagement socioprofessionnel. Chaque rechute assombrit le pronostic fonctionnel des patients. Par ailleurs, la faible variation des taux plasmatiques, lors de l’emploi des APAP, permet une meilleure tolérance et donc une augmentation de l’adhésion au traitement.
Une alliance thérapeutique
La prescription d’un APAP, surtout en monothérapie, peut améliorer considérablement la qualité de vie des jeunes patients. En effet, la prise quotidienne d’une thérapeutique médicamenteuse peut s’avérer complexe, d’une part car peu compatible avec leur style de vie (études, vie sociale) et d’autre part car elle renvoie une image difficile à accepter, rappelant le caractère traumatisant du premier contact avec la psychiatrie. En effet, il est souvent difficile de donner un sens à l’épisode psychotique et aux bouleversements que cela entraîne. La proposition d’un APAP peut alors se révéler utile pour maintenir une vie socioprofessionnelle satisfaisante et préserver l’estime de soi.
Le traitement médicamenteux représente une part importante des soins dans le cadre d’un premier épisode psychotique, permettant notamment la rémission symptomatique. Il doit être accompagné de mesures de réhabilitation psychosociale, centrées sur la personne et tournées vers le rétablissement, favorisant une alliance thérapeutique satisfaisante. Dans ce cadre, le patient doit être impliqué activement dans le choix de son traitement. Les APAP font partie de l’arsenal thérapeutique de premier choix à proposer dès le premier épisode.
CH La Chartreuse (Dijon)
(1) Samalin L et al. Recommandations formalisées d’experts de l’AFPBN : prescription des neuroleptiques et antipsychotiques d’action prolongée. L’Encéphale 2014;39:189-203
(2) Stevens G L, Dawson G, Zummo J. Clinical benefits and impact of early use of long acting injectable antipsychotics for schizophrenia. Early Intervention in Psychiatry 2016 Oct;10(5):365-77
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