« Depuis la semaine du 11 octobre 2021, et surtout au cours de ces 3 premières semaines de 2022, on observe une très nette augmentation du nombre des cas de syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS) ». Alors que récemment, Olivier Véran s’inquiétait d’une hausse des hospitalisations d’enfants atteints de Covid, le dernier bilan de surveillance des PIMS publié le 27 janvier par Santé publique France pointe une augmentation récente de ces syndromes.
Près de 1 000 cas depuis le début de l'épidémie
Entre le 2 mars 2020 et le 23 janvier 2022, 932 cas ont été signalés par les pédiatres en France, dont 849 en lien avec le Covid-19.
Après un premier pic au printemps 2020, le nombre de cas a fluctué en fonction de l’épidémie, avec une diminution importante pendant les périodes estivales et une reprise à l’automne. Ainsi, depuis octobre 2021, le phénomène est reparti à la hausse, notamment au cours des trois premières semaines de janvier, avec un nombre de cas hebdomadaires ayant dépassé la barre des 20 en semaine 02. Et alors que l’incidence du Covid-19 continue d’augmenter dans toutes les classes d’âge, « l’amplitude de la vague actuelle (de PIMS) pourrait s’avérer supérieure à celle de la vague antérieure (liée uniquement à la circulation du variant Delta), avec remplacement progressif du variant Delta par le variant Omicron parmi les cas de Covid », anticipe Santé publique France.
Au total, en France, l’incidence cumulée des PIMS en lien avec le Covid-19 a été estimée à 5,9 cas pour 100 000 habitants chez les moins de 18 ans. Sur l’ensemble des cas recensés depuis le début de l’épidémie, 372 cas concernaient des filles. L’âge médian des enfants était de 7 ans.
Une atteinte cardiaque fréquente
Pour les 849 cas en lien avec le Covid, un délai moyen de survenue des PIMS de quatre à cinq semaines après l’infection par le SARS-CoV-2 était fréquemment observé. Les myocardites étaient plus fréquentes que pour les PIMS d’autres causes (66 % versus 13 %).
Un séjour en réanimation a été nécessaire pour 353 enfants (42 %) et en unité de soins continus pour 250 (29 %). Les autres enfants ont été hospitalisés en service de pédiatrie. Un enfant âgé de 9 ans est décédé dans un tableau d’inflammation systémique avec myocardite.
Cependant, « malgré une maladie initiale qui peut être sévère, les données de la littérature montrent que très peu de séquelles sont observées lors des suivis des cas de PIMS à 6 mois, et il n’est pas exclu que les formes cliniques des PIMS liés au variant Omicron se révèlent moins sévères », espère Santé publique France.
Attention aux diagnostics différentiels
Reste à savoir dans quelle mesure la vaccination peut réduire le risque de PIMS. La question a été posée lors d’un webinaire du Collège de la médecine générale portant notamment sur le Covid chez l'enfant. Alors que la campagne de vaccination pédiatrique est à la peine en France, une étude menée avant l’émergence d’Omicron sur des adolescents français et parue dans le Jama fin décembre suggère que le vaccin pourrait diminuer le risque de PIMS de 90%.
Malgré la hausse du nombre de cas, les PIMS restent rares. Et si le contexte épidémiologique actuel doit conduire à évoquer le diagnostic facilement, l'élimination des diagnostics différentiels (infection invasive à méningocoque notamment) reste essentielle, ont souligné plusieurs experts lors du webinaire.
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