PUBLIÉ LA SEMAINE dernière par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), le tableau des revenus nets des médecins libéraux en 2009 montre, au-delà d’une diminution globale des bénéfices non commerciaux (BNC) de 1,11 % (« le Quotidien » du 2 mai), des évolutions par spécialité – et, à l’intérieur de ces spécialités, entre secteurs d’exercice – qui méritent d’être analysées.
Cette année 2009 quasi blanche succède à un exercice 2008 du même acabit (+ 0,14 %). « L’activité a été stable. Il n’y a pas eu de revalorisation tarifaire. Les chiffres sont conformes aux dépenses de santé, commente le Dr Gérard Maudrux, président de la CARMF, avant d’ajouter : Objectivement, il n’y a pas de raison pour que les revenus des médecins augmentent chaque année. »
2009 n’a toutefois pas été vécue de la même manière par tous les médecins. En termes d’évolution, les généralistes, avec des revenus nets en baisse de 0,85 %, s’en sortent un peu mieux que les spécialistes (- 1,31 %) ; par rapport à 2008, où les spécialistes s’en tiraient mieux que les généralistes, la situation s’inverse.
Toutes spécialités confondues, le secteur II (dont les BNC chutent de 0,15 % – chiffre à rapprocher de celui de l’inflation, soit + 0,1 % pour 2009) sauve une petite partie des meubles par rapport au secteur I (- 1,43 %) – les généralistes installés en secteur II affichent même des revenus en très légère progression (+ 0,25 %).
Des rapports de 1 à 4,6.
À l’intérieur des spécialités, certaines (telle la médecine nucléaire, qui affiche des BNC en baisse de 7 %) plongent carrément, tandis que d’autres maintiennent la tête hors de l’eau. Parmi les « mieux loties », on trouve des spécialités sinistrées, comme la pédiatrie (revenus en hausse de 1,44 %).
Quant à l’étude des revenus par spécialités en euros sonnants et trébuchants, elle montre que les écarts restent grands entre le bas et le haut de l’échelle : aux deux extrêmes, un endocrinologue du secteur I affiche au compteur un revenu net 4,6 fois moins élevé que l’anesthésiste-réanimateur installé en secteur II. Si l’on établit un palmarès des revenus, on constate qu’en 2009, les champions du secteur I sont les cancérologues (168 928 euros), suivis d’assez loin par les biologistes (146 937 euros), puis par les anesthésistes-réanimateurs (144 169 euros) et les radiologues (123 227 euros). En secteur II, ce sont donc les anesthésistes-réanimateurs qui emportent la mise (190 888 euros) ; les radiologues sont seconds (157 744 euros), talonnés par les ophtalmos (148 322 euros) et les chirurgiens (140 161 euros). À l’inverse, en secteur I, les endocrinologues rament (41 105 euros), tout comme les gynécologues médicaux (49 618 euros) où les spécialistes de médecine physique et de réadaptation (56 655 euros) – les gériatres et les hématologues occupent également le bas du tableau mais leurs effectifs sont peu signifiants. En secteur II, les endocrinos restent en queue de peloton (46 612 euros) et les gynécos médicaux avant-derniers (61 398 euros) ; viennent ensuite la médecine interne (64 343 euros) et la psychiatrie (64 348 euros).
Pour le Dr Maudrux, la lecture de cette échelle de revenus signe « l’échec de la CCAM » (classification commune des actes médicaux, dont la réforme en cours n’a abouti que dans son versant « technique ») : « On a voulu par ce biais remonter les revenus des spécialités sous-dotées. Quand je regarde ce qui se passe pour les endocrinologues, par exemple [les plus bas revenus en secteurs I comme II, et qui affichent une baisse de 5,72 % en 2009, NDLR], et que je vois par ailleurs que les revenus des gastro-entérologues, des radiologues, des cardiologues… n’ont pas bougé, je ne peux que constater que cela ne fonctionne pas. Les plus pauvres ne s’enrichissent pas et les plus riches sont relativement bien lotis. »
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