L’ischémie-reperfusion 

Les effets du blocage du récepteur minéralocorticoïde

Publié le 14/04/2016
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Le récepteur minéralocorticoïde (RM) dont le principal ligand est l’aldostérone est connu pour son rôle dans la réabsorption rénale du sodium. Il est également exprimé dans le cœur et les vaisseaux et les antagonistes du récepteur minéralocorticoïde (ARM)  améliorent le pronostic des patients en insuffisance cardiaque ou après infarctus du myocarde. Le RM intervient aussi dans la régulation du tonus vasculaire et module l’hémodynamique rénale, en augmentant la sensibilité aux agents vasoconstricteurs (réduction du débit sanguin rénal, augmentation des résistances intra-rénales).

Dans des modèles d’IR rénale chez le rat, la spironolactone limite la chute du flux sanguin rénal et améliore la fonction rénale et les lésions histologiques. Elle améliore également la vasculopathie chronique dans des modèles de rats transplantés. Enfin le blocage du RM a un effet bénéfique spectaculaire dans l’IR rénale chez le porc. Chez l’homme, dans un essai randomisé contrôlé en double aveugle mené au Mexique en transplantation rénale avec donneur vivant, l’administration de spironolactone la veille de la greffe puis les trois jours suivants a permis une diminution du stress oxydatif, étape clé dans la physiopathologie de l’IR.

 Un essai multicentrique

En France, un essai clinique randomisé contrôlé en double aveugle contre placebo, Eplerenone in Patients Undergoing REnal Transplant (EPURE) va bientôt débuter  dans les centres de Nancy, Besançon, Brest, Créteil, Dijon, Reims, et Strasbourg (ClinicalTrials.gov NCT02490904 ; financement PHRCi Grand Est 2014). Il a pour objectif d’évaluer l’effet d’un blocage transitoire du RM par l’éplérénone (administrée de J0 à J4) sur la fonction à 3 mois de greffons rénaux issus de donneurs à critères élargis. Ce type de greffons est en effet probablement le plus à même de bénéficier d’un blocage du RM pour contrer les conséquences de la phase ischémique. Etant donnée la pénurie actuelle de greffons, développer et améliorer le pronostic des greffons issus des donneurs marginaux est primordial.

(1) CHRU Nancy Brabois, université de Lorraine, F-CRIN INI-CRCT, Nancy

 (2) F-CRIN INI-CRCT, Nancy, INSERM, UMRS 1138, université Pierre et Marie Curie, université Paris Descartes. Centre d’investigation clinique, hôpital Henri Mondor, Pôle VERDI, université Paris Est, Créteil

(1) Luis A et al. JASN  2016;27:335-7

(2) Barrera-Chimal J et al.  JASN 2016 27:398-404

Dr Sophie  Girer (1) Dr Frédéric Jaisser (2)

Source : Bilan Spécialiste