Le niveau d’instruction des mères va-t-il devenir un facteur de risque de prématurité à l’instar des facteurs médicaux déjà connus ? C’est ce qu’il semble au vu des résultats de la dernière étude de l’Ined, (Population et société, juin 2015) conduite par Linda Panico, Maxime Tô et Oliviet Thevenon sur une cohorte de 18 0000 enfants nés en 2011. Selon ce travail, moins une femme est diplômée, plus elle présente un risque de donner naissance à un enfant de petit poids (moins de 2,5 kgs). Le risque est de 50% plus élevé pour les femmes sans aucun diplôme par rapport à celles ayant le bac. Pour les plus diplomées ( au delà de bac plus 2), le risque est en revanche 25% moindre que pour celles n’ayant que le bac.
Mais, soulignent les auteurs de l’étude, les mécanismes par lesquels l’instruction d’une femme influe sur son état de santé et celui des personnes dont elle s’occupe demeurent mal compris. L’hypothèse courante est que la position socio-économique d’une personne, notamment son niveau d’instruction, influe sur sa capacité à être en bonne santé en lui ouvrant des opportunités ou au contraire en lui mettant des limites.
L’environnement dans lequel la mère a vécu pendant la grossesse est un facteur crucial de la croissance fœtale de l’enfant et de son état de santé à la naissance. De nombreux mécanismes peuvent expliquer l’association entre d’une part, le niveau d’instruction et les conditions socio-économiques et de l’autre, le petit poids de naissance. Par exemple, l’alimentation de la mère et la consommation de tabac pendant la grossesse, les infections génitales, la fréquence et la qualité des soins prénataux, les expositions aux toxiques de l’environnement, le stress de la mère ainsi que d’autres facteurs psychosociaux pouvant influer sur le bon déroulement de la grossesse.
Or, d’après cette enquête, beaucoup de facteurs comme le nombre de visites prénatales pendant la grossesse, les problèmes psychologiques, ne semblent pas modifier le lien entre niveau d’instruction et petit poids de naissance. Ce qui pourrait signifier qu’en France, au moins pour le suivi de la grossesse, les différents groupes socio-économiques ont accès de façon égale aux services offerts par le système de santé. En revanche, la fréquence de la consommation de tabac et d’alcool pendant la grossesse varie selon le niveau d’instruction, ce qui peut jouer sur la fréquence du petit poids de naissance et semble un des facteurs principaux d’explication des différences dans la conception d’enfants prématurés relevés dans cette étude.
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