L’expérimentation pour la vaccination antigrippale en pharmacie va rentrer dans sa deuxième année. Les Hauts-de-France et l’Occitanie vont venir s’ajouter à l’Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et la Nouvelle Aquitaine en tant que régions témoins, avant une généralisation en 2019. L’occasion de dresser un premier bilan.
Au-delà des résultats chiffrés sur l'entrée en application de la mesure, une enquête Ipsos*, commandée par Pfizer, fait le point sur le ressenti des professionnels de santé concernés et des usagers sur cette expérimentation.
Si les pharmaciens et les usagers sont très enthousiastes sur la vaccination antigrippale à l'officine, les généralistes restent encore assez réfractaires. Une courte majorité (51 %) se déclare défavorable à l’expérimentation, et globalement ils ne donnent pas la moyenne (4,8/10) à l’expérimentation. 55 % considèrent par ailleurs que la vaccination ne doit pas faire partie de la mission du pharmacien à l’avenir.
Inquiets sur le suivi
Une des principales inquiétudes des généralistes concerne le suivi vaccinal de leurs patients. « Le pharmacien doit leur donner un petit bout de papier, et c’est tout, ils mettent ça dans leur portefeuille et ne le retrouvent pas. Pour moi il n’y a plus de suivi », estime Daniel, un généraliste opposé à l’expérimentation. Dans le top 5 des inconvénients à l’expérimentation cités par les généralistes, « la difficulté à suivre les usagers une fois vaccinés » arrive en premier, suivi de la « confusion sur les vaccins pouvant être fait en pharmacie ou chez le généraliste », et de la « confusion pour les usagers concernant le suivi de leur calendrier vaccinal ». Les généralistes interrogés déclarent qu’en consultation les interrogations des patients portaient principalement sur la formation reçue par les pharmaciens et leur niveau de compétence sur le sujet. Pourtant à la même question, les usagers relatent qu’ils se sont davantage interrogés sur les conditions pour réaliser cette vaccination (sur ou sans rendez-vous, durée de la consultation …) et sur les pharmacies autorisées à le faire.
Bénéfique pour la couverture vaccinale
Malgré cette frilosité, les généralistes reconnaissent aussi des points positifs à l’expérimentation. Ils jugent à 58 % que cela facilite l’accès à la vaccination, à 56 % que cela permet d’augmenter la couverture vaccinale pour la grippe ou qu’il y a une simplicité de démarche (50 %) pour les usagers. Pour 48 % le choix laissé à l’usager sur l’endroit où se faire vacciner est aussi un point positif. Les généralistes considèrent à 60 % que les rôles ont été répartis en bonne intelligence, notamment avec les pharmaciens, et les trois quarts d’entre eux pensent que la relation ne va pas être impactée par cette expérimentation.
Pour Olivier Rozaire, pharmacien et président de l’URPS Aura, le fait que les professionnels de santé en région coopèrent ensemble sur de nombreux projets leur permet aussi d’avancer intelligemment sur des dossiers plus épineux. « Dans notre région le sujet a été vite balayé. À un moment donné, si on veut travailler ensemble sur les sujets de demain, il était un peu ridicule de s’arc-bouter sur la vaccination », explique-t-il.
Par ailleurs, même si les généralistes ont parfois l’impression qu’on leur retire toujours plus de compétences, ils n’y voient en revanche pas un danger pour leur activité. « Il est rare que je ne fasse que cet acte, il vient souvent se greffer avec autre chose, un suivi d’HTA ou des résultats », souligne Robert, généraliste.
Hostiles à l'extension à d'autres vaccins
Les médecins de famille sont favorables à 57 % à une extension aux autres régions de cette expérimentation. Ils sont cependant opposés (69 %) à l’ouverture aux primo-vaccinants, qui sera pourtant effective dès cette année, et très hostiles (83 %) à l'extension à d’autres vaccins. « Pour la grippe, pour le rattrapage, pour le geste simple dans le haut de l’épaule, OK, mais pour les autres actes, il y a des critères de calendrier vaccinal qui changent, des contre-indications, des associations entre deux vaccins pas forcément à faire à tel moment (…) là je suis un peu plus réticent », explique Thierry.
* Enquête IPSOS pour Pfizer, 50 entretiens individuels par téléphone en janvier 2018 auprès de 20 usagers, 8 généralistes, 16 pharmaciens et 6 infirmiers. Puis enquête en ligne et par téléphone entre mars et avril 2018 auprès de 70 usagers, 100 pharmaciens et 100 généralistes. En région Aura et Nouvelle Aquitaine.
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