L’UNION NATIONALE des professions libérales (UNAPL), en partenariat avec AG2R La Mondiale, a sondé à grande échelle les « métiers » libéraux de la santé (médecins généralistes et spécialistes, chirurgiens dentistes, paramédicaux…), du cadre de vie (architectes, urbanistes, géomètres…), de la technique (conseil, consultant, experts comptables…) et du droit (avocats, notaires, huissiers…). Sur la base de plus de 2 000 réponses (1), les résultats, édifiants, permettre de mesurer la perception de l’exercice libéral, le vécu de chaque secteur et de mieux cerner les attentes.
• Profil général : exception féminine en santé
Le « profil » des professionnels libéraux ayant participé librement à l’enquête traduit la démographie des différents métiers. Alors que les réponses sont très majoritairement masculines dans les secteurs de la technique, du cadre de vie et du droit, ce n’est pas le cas pour la santé avec 51 % de femmes. Dans tous les secteurs, la pyramide des âges est comparable avec un poids prépondérant des 51-65 ans (près de la moitié des réponses) et de l’exercice en milieu urbain – 75 % des cas. Quel que soit le secteur, seule une minorité des conjoints exerce également une profession libérale (entre 10 et 15 %).
• Revenus : la palme d’or aux métiers du droit
Le sondage est instructif quant au positionnement de chaque secteur libéral dans l’échelle des revenus (du ménage). Le domaine du droit tient le haut du pavé avec 52 % de professionnels qui émargent à plus de
75 000 euros annuels (contre seulement 36 % de libéraux de santé). Les revenus sont globalement moins élevés pour les professions du cadre de vie.
• Exercice : chez les médecins, on cumule et on se regroupe
Si la pratique d’une activité salariée en parallèle de l’activité libérale est très minoritaire chez les professions libérales, on recense tout de même 16 % de « cumulards » (libéral et salarié) dans le champ de la santé, trois fois plus que dans les autres secteurs. Autre particularité : alors que les trois quarts des indépendants exercent de façon isolée, ils ne sont plus que 55 % dans ce cas parmi les professionnels de santé, les autres ayant fait le choix d’un exercice à plusieurs.
Enfin si les libéraux exercent très majoritairement à plein-temps (85 % des cas), l’exercice partiel est plus développé dans le secteur de la santé. Sans surprise enfin, les professions libérales travaillent beaucoup : 40 % disent exercer leur métier plus de 50 heures par semaine et seuls 16 % moins de 40 heures hebdomadaires. Les professionnels du droit sont ceux qui déclarent travailler le plus.
• Perception de l’activité libérale : le SOS du monde médical…
C’est le point noir de l’enquête, et en particulier pour le secteur « santé ». Seuls 70 % des libéraux (tous métiers) jugent leur exercice satisfaisant ou très satisfaisant. Le ressenti est encore plus sombre parmi les professionnels de santé : 63 % affichent leur contentement, 37 % estimant que leur exercice est peu ou pas du tout satisfaisant. Ce vécu difficile sonne comme un avertissement du monde médical et paramédical, notamment de la part des professionnels les plus âgés. Précision utile : l’exercice regroupé et l’activité salariée n’atténuent pas le sentiment d’insatisfaction, au contraire.
• Changements souhaitables : alléger le fardeau administratif
L’enquête a identifié les souhaits principaux secteur par secteur, à l’horizon de deux ans. Dans l’ordre des priorités, les professionnels de santé aspirent à déléguer et alléger leurs tâches administratives, à mieux concilier vie professionnelle et vie privée, puis à solliciter un accompagnement conseil pour mieux gérer leur activité, à s’associer, à recruter un collaborateur et à exercer à temps partiel. L’arrêt des gardes et astreintes et le choix du salariat sont cités dans une moindre mesure. À noter que l’arrêt total d’activité fait moins recette chez les professionnels de santé (15 %) que dans les autres secteurs (20 à 30 % selon les métiers).
• Réformes idéales : protection sociale, revenus…
Cet item porte sur les points d’amélioration et réformes prioritaires. Là encore, les métiers de la santé s’illustrent par une aspiration au changement nettement plus marquée. La moitié environ des libéraux de santé réclament une simplification des formalités, une amélioration de leur protection sociale (retraite, prévoyance et maternité) et du niveau de leurs revenus. Et 37 % jugent qu’il est urgent d’améliorer l’attractivité de leur profession. Sur tous ces sujets, « les attentes sont bien supérieures dans les métiers de la santé », résume l’enquête. Interrogés spécifiquement sur les initiatives utiles que pourrait prendre l’UNAPL, les libéraux suggèrent la mise en place d’une assistance ou structure d’aide dans la gestion d’entreprise (comptabilité et gestion), des formations ciblées ou encore du conseil (retraite, fiscalité), devant la défense de l’image et une protection juridique.
• Et la retraite ?
L’étude a consacré un chapitre complet à la retraite des libéraux.
Premier enseignement : le cumul emploi/retraite est une piste sérieuse. Mais proportionnellement les professionnels de santé sont les plus réticents (29 % envisagent un cumul emploi/retraite contre 40 % environ dans les autres métiers). Faut-il y voir un autre signe de lassitude ? Les professionnels de la santé sont les plus nombreux (près de 22 %, plus d’un sur cinq) a vouloir s’arrêter avant 62 ans (seuls 15 % ont cette intention dans le monde du droit). Dans la même veine, les libéraux de santé ne sont que 4 % à imaginer prendre leur retraite après 70 ans. Dans tous les autres secteurs, on recense au moins 10 % de professionnels bien décidés à franchir ce cap en étant toujours en activité ! Enfin, l’étude traduit l’ignorance partagée des professionnels quant au montant (estimé) de leur retraite. Ceux qui se hasardent à évoquer un pourcentage pensent majoritairement… qu’il ne dépassera pas 50 % du revenu actuel.
(1) « Étude sur les attentes des libéraux ». 2 024 questionnaires en ligne réalisés du 24 novembre au 14 décembre 2010 auprès des adhérents de l’UNAPL dont 951 professionnels de santé, 591 issus de la technique, 336 du cadre de vie, 146 du droit.
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