Le gouvernement dispose de plusieurs atouts pour ne pas céder, en dépit de la tentative des centristes de Liot qui ont soumis la loi au vote et des mobilisations prévues. D'abord, l'article 40 de la Constitution interdit la mise aux voix d'une loi définitivement adoptée ; ensuite, Liot n'est pas certain de trouver une majorité ; il n'y aucune chance que le Sénat contribue à l'abrogation et enfin, le Conseil constitutionnel ne peut pas entériner la disparition de la loi. Le retour en force des opposants élus n'est que leur chant du cygne. Ils savent ce que tout le monde sait ; ils défendent leur démarche en accusant l'exécutif de se conduire de façon anti-parlementaire, d'empêcher les élus de s'exprimer, de trouver dans la Constitution les articles propres à renforcer les positions du gouvernement. Ils se gardent bien de dire que rien ne permet d'abroger une loi adoptée.
La réforme étant protégée par les textes, le chahut permanent fait autour d'elle n'a plus qu'un objectif : celui d'alimenter tous les jours, par des initiatives illégales, une crise sociale qui risque de durer encore plusieurs mois. Il n'est pas indifférent que, dans la majorité, des élus estiment qu'il faut laisser Liot jouer son numéro, que ce n'est pas dangereux, que l'expression d'une conviction au delà des textes et règlements donne une bonne fraîcheur démocratique aux débats politiques. Ce serait justifié si le projet de loi ne s'était pas heurté à l'une des plus grandes contestations de l'après-guerre, si, à cause de la dette, il n'était pas devenu indispensable au statut même de la France, en Europe et dans le monde, comme en témoignent les agences de notation. L'une, Fitch, a baissé la note de la France, l'autre, Standard and Poor, n'a pas bronché et s'est satisfaite des explications fournies par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
Un instrument du désendettement
Du coup, la réforme des retraites devient l'un des instruments du désendettement. À tous ceux qui affirmaient qu'on n'en était plus à 15 milliards près ou que nous pouvions trouver des économies ailleurs (où ?), les agences de notation ont démontré que la réforme des retraites ne résulte pas d'un caprice du président, mais font partie du plan de redressement des finances françaises. Elles ont donc puissamment aidé l'exécutif, dont la cote de popularité se redresse légèrement, à retrouver ses marques. On a beaucoup dit que le second mandat de Macron serait vide. Il a au moins prouvé le contraire avec une diplomatie très active. Il choisit aussi ses terrains de bataille, le prochain étant l'immigration dont la doite veut faire un échec mortel pour Macron (quelle ambition sinistre !) mais qui pourrait bien, avec la détermination qu'on lui connaît, constituer la deuxième grande réforme du second mandat.
On souhaiterait que le chef de l'État puisse obtenir de LR des concessions qui ne ruineraient pas son honneur. Mais les Républicains ne semblent pas comprendre qu'ils courent à leur perte s'ils ne s'associent pas avec un grand parti. Parmi eux, une tendance s'affirme qui voudrait déclencher une telle crise de régime qu'il seraient emportés eux aussi par l'ouragan destiné à liquider le président avant le terme de son mandat. De toute façon, l'attitude des LR est incompréhensible pour son électorat. Ils ne sont ni avec la majorité ni avec l'opposition. Ils cherchent désespérément des positionnements qui les rendraient sympathiques aux yeux de l'opinion, mais ils donnent le spectacle de l'incohérence. Avec en outre un chef de file, Laurent Wauquiez, qui est probablement candidat à la présidentielle de 2027, mais n'ose pas encore le dire : tout lui semble prématuré quand c'est peut-être trop tard.
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