Le dernier datait d'il y a… 40 ans ! Le livre blanc de l'imagerie médicale, rédigé par quarante médecins et économistes et présenté vendredi aux Journées francophones de la radiologie, dresse un état des lieux complet du secteur : effectifs, formation, équipements, tarifs… Il détaille aussi les actions prioritaires à mener pour maintenir l'accès des patients aux techniques d'imagerie de pointe.
Le radiologue libéral, créateur d'emplois
Les trois quarts des quelque 8 550 radiologues ont aujourd'hui un exercice libéral ou mixte. Ils exercent pour la majorité en cabinet et participent aux actions de santé publique « comme le dépistage du cancer du sein, assuré à 80 % par les libéraux ».
« Ce sont aussi des chefs d'entreprise », affirme le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Les cabinets d'imagerie français emploient près de 30 000 personnes (secrétaires, manipulateurs, informaticiens…). Ils sont aussi pourvoyeurs d'environ 40 000 emplois indirects chez les équipementiers. Les auteurs du livre blanc suggèrent donc de valoriser l'exercice libéral auprès des jeunes, de développer les coopérations avec le public, et d'encourager les délégations de tâches avec les manipulateurs.
Des équipements performants mais peu nombreux
Si le radiologue est créateur d'emplois, il doit aussi investir fortement dans ses appareils, comme les IRM ou les scanners. Actuellement, 887 IRM sont répartis sur le territoire, tous secteurs confondus, un nombre inférieur à d'autres pays européens. La France présente en revanche une forte productivité par machine et la plus grande densité d'examens par habitant.
Cette productivité est plus tendue dans le privé. À l'hôpital, il y a un appareil IRM pour 6 radiologues, tandis que dans le secteur libéral et mixte, on compte 15 radiologues par IRM, ce qui prolonge le délai d'attente de rendez-vous.
L'autre problématique réside dans le coût de ces appareils. Pour un radiologue libéral, un IRM vaut de 900 000 à 1,5 million d'euros, un scanner de 500 000 à 1,3 million d'euros. Et 18 % des scanners et 5 % des IRM sont en déficit, « notamment à cause des baisses de tarifs de 900 millions d'euros depuis 7 ans », précise le Dr Masson.
Le livre blanc propose un plan pour rattraper le retard de la France en matière d'équipements et respecter le délai de 21 jours pour une suspicion de récidive de cancer, au lieu des 30 jours actuels.
Des techniques efficientes et peu coûteuses
Grâce à son équipement technique, le radiologue est un référent « clé » pour soigner des pathologies sévères. « La radiologie interventionnelle permet de plus des soins moins intrusifs », relèvent les auteurs. Les coûts sont aussi plus avantageux pour le système de santé. Une biopsie mammaire coûte ainsi 1 350 euros par voie chirurgicale, contre 500 euros avec de la radiologie interventionnelle.
Mais, « beaucoup de ces actes ne sont pas répertoriés ou cotés dans la CCAM, ils sont donc non-valorisés ou sous-valorisés, et plus difficiles à réaliser », explique le président de la FNMR.
Les radiologues du G4* réclament la création d'une tarification spécifique IRM et scanner afin de favoriser les actes non invasifs. Ils veulent aussi préserver le maillage territorial de la radiologie interventionnelle par des revalorisations, notamment pour faire face aux fermetures des petites structures.
Une relève à préparer
L'imagerie médicale ne doit pas être uniquement vue comme vecteur de dépenses. « Grâce à toutes ces nouvelles techniques, elle permet de réaliser des économies grâce à des diagnostics plus précis et plus rapides, qui améliorent l'orientation des patients dans le parcours de soins et réduisent les durées d'hospitalisation », argumentent les radiologues. Or, ces économies ne sont ni reconnues ni évaluées par les tutelles, déplore le Dr Masson.
Le livre blanc appelle aussi à « penser globalement l'imagerie médicale » en mutualisant les ressources, pour la bonne gestion des plateaux d'imagerie mutualisés et des groupements hospitaliers de territoire (GHT). « Les libéraux sont tout à fait favorables pour y prendre part », rappelle la FNMR.
Les radiologues souhaitent aussi que le nombre de postes d'internes dans leur spécialité soit augmenté significativement (276 en 2016), pour compenser les départs à la retraite qui atteindront un pic en 2025. Ils s'alarment « de la crise actuelle à l'hôpital, puisque près de 40 % des postes de radiologues sont vacants ».
* Conseil professionnel, composé du collège des enseignants (CERF), de syndicats de libéraux (FNMR) et d'hospitaliers (SRH), et de la société savante de radiologie (SFR).
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