INSTAURÉE par l’OMS en 1992, la journée internationale des sages-femmes tombe chaque année le 5 mai. Les représentants français de cette profession médicale qui compte 22 000 membres ont choisi cette date symbolique pour tirer la sonnette d’alarme, à l’occasion du premier colloque du CASSF (Collectif des associations et des syndicats de sages-femmes). Cette organsatoin juge que si la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) a confié aux sages-femmes de nouvelles missions (suivi gynécologique de prévention, prescription de la contraception), « la détérioration du système de santé permet de moins en moins à celles-ci d’exercer pleinement leurs compétences de spécialistes de la grossesse et de l’accouchement normal ». Ces nouvelles missions constituent néanmoins pour les sages-femmes « un tournant historique », en leur permettant de dépasser leur champ d’action traditionnel de la grossesse, et en permettant aux femmes d’avoir une alternative pour leur santé. Encore faudrait-il leur donner les moyens d’assumer ces nouvelles missions, estiment-elles.
Autre pomme de discorde avec les pouvoirs publics, les niveaux de revenus des sages-femmes. Selon le CASSF, « aucune revalorisation et aucun moyen n’ont accompagné leurs dernières extensions de compétences ». Le C des sages-femmes est toujours fixé à 17 euros depuis 2002, et Françoise N’Guyen, directrice de l’école de sages-femmes de Poissy rappelle que sur ces 17 euros, il faut retirer 7 euros d’achat de matériel à usage unique, et diviser le solde par deux pour les charges. « Qui accepterait de travailler pour 5 euros de l’heure après 5 années d’études ? », s’interroge-t-elle. Des négociations ont bien été engagées avec l’assurance-maladie, mais sans aucun résultat pour le moment, à telle enseigne que les syndicats de sages-femmes libérales n’excluent pas de mettre en place un mouvement de grande ampleur, à l’image la grève des visites à domicile de décembre 2009.
Enfin, la formation des sages-femmes pose toujours problème, ainsi que son intégration au cursus universitaire. Cinq années d’études sont nécessaires pour accéder à leur diplôme d’État, et pour s’inscrire à cette formation, les futures sages-femmes doivent valider une première année de médecine. « Toutefois, regrette le CASSF, ces cinq années ne sont pas reconnues au niveau de l’université, et il existe un réel décalage entre le haut niveau de formation et de qualification des sages-femmes et la reconnaissance de leur compétence dans la sphère professionnelle. » Le ralliement universitaire de la formation des sages-femmes, prévue par la loi Kouchner de 2002 n’est toujours pas réellement entrée en vigueur. Un amendement à la loi HPST a bien été voté pour l’autoriser, à titre dérogatoire mais un an après, seules trois écoles (sur les 35 existantes) ont intégré la filière universitaire.
Le CASSF rappelle donc que si l’ensemble de ces points n’est pas réglé, « les sages-femmes ne pourront mener à bien toutes les missions de santé publiques qui leur sont imparties ».
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