La colère monte chez les sages-femmes libérales. Au moment où les obstétriciens du privé se mobilisent pour en finir avec leur insécurité juridique, le gouvernement pourrait affronter un autre front de professionnels de santé de la naissance.
L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) et l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF) se mobilisent aujourd’hui pour dénoncer la « paupérisation » de cette profession (médicale) et pour valoriser une compétence et un rôle de premier recours en matière de prise en charge des grossesses présumées à faible risque. « On n’a sans doute pas crié assez fort ces derniers temps mais cette période est révolue ! », résume Jacqueline Lavillonnière, présidente de l’UNSSF. Un préavis de grève des visites à domicile en période pré et postnatale a été déposé pour les 2 et 3 décembre.
Plusieurs revendications sont avancées. Les sages-femmes subissent un « décrochage tarifaire » jugé « insupportable ». En cause : le blocage, depuis le début des années 2000, de leur lettre clé « SF » (les sages femmes estiment avoir été sanctionnées en raison de la natalité française exceptionnelle qui a grossi leur enveloppe) ; la non application de certains actes pourtant validés en commission de la nomenclature (suivi postnatal) ; mais aussi la globalisation du tarif de l’accouchement qui se traduit pour les sages-femmes par une rémunération jugée « indigne » au regard du travail effectué ( « 312,70 euros pour le suivi prénatal, le travail, l’accouchement, le suivi de la première semaine, c’est anormal et humiliant », avance Christelle Gerber-Montaigu, présidente de l’ONSSF). Les sages-femmes libérales voudraient pouvoir bénéficier de la nomenclature (CCAM) « médecins » pour les actes à compétence partagée (consultations, échographies, surveillance…). Et en tant que « spécialistes de la physiologie », elles réclament une plus juste reconnaissance du temps clinique passé.
Querelle de frontières.
Les syndicats représentatifs des sages-femmes dénoncent « un dialogue de sourds » avec l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM). « Elle veut nous mettre dans un couloir restreint : la sortie précoce de la maternité afin de diminuer le recours à l’HAD », explique Jacqueline Lavillonnière. Tout le contraire de ce que réclament les sages-femmes, à savoir la reconnaissance de leur capacité à assumer la prise en charge pré per et post natale et non pas le cantonnement dans des actes périphériques ou de « bouche-trou ». Deux réunions conventionnelles ont été reportées et les syndicats menacent de ne pas répondre à la prochaine convocation, le25 novembre.
Au-delà du volet tarifaire se joue une querelle de territoire avec les médecins, même si les sages-femmes s’en défendent. « Nous ne sommes pas du tout en guerre avec les gynécologues ou les généralistes mais on veut réhabiliter notre juste place, on ne va pas brader notre compétence, argumente Jacqueline Lavillonnière. Les médecins sont encombrés par des actes que nous devrions faire, leur formation c’est la pathologie ».
Tout récemment, le climat s’est tendu entre médecins et sages-femmes à propos de l’extension prévue dans la loi de la compétence des sages femmes à la contraception et au suivi gynécologique. Le Syndicat des gynécologues médicaux (SGM) s’est inquiété des « répercussions en terme de santé des femmes et de santé publique » et Union Généraliste (UG) a évoqué un « mélange des rôles et compétences » source de « concurrence stupide et inutile ».
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