LES SAGES-FEMMES n’avaient pas choisi un jour comme les autres pour expliquer à la presse leurs revendications, mais la journée internationale de leur profession, jeudi dernier. Elles étaient une dizaine, représentantes d’associations (le collectif interassociatif autour de la naissance, les associations d’enseignantes, étudiantes, et de libérales…) et syndicats (l’ONSSF et l’UNSSF, respectivement Organisation et Union nationale des syndicats de sages femmes), à faire entendre d’une seule voix leur colère.
« Nos compétences sont sous-utilisées, or nous sommes au cœur de la filière physiologique, qui représente 85 % des accouchements », avance Marie-Anne Poumaer, de l’UNSSF. Leur rôle dans l’accompagnement d’une parturiente reste méconnu, estime-t-elle. « Avec la surmédicalisation, les grossesses sont saucissonnées. Quand elles ne sont pas pathologiques, le médecin peut déléguer aux sages-femmes. Mais les mères manquent d’information. »
Concrètement, c’est le statut des sages-femmes que l’intersyndicale souhaite voir réviser. Et leur rémunération. « Depuis 2002, les négociations sont bloquées et nos tutelles ne nous entendent pas : nous sommes peu nombreuses, et presque exclusivement des femmes », explique Christelle Gerber Montaigu, présidente de l’ONSSF. Les consultations sage-femme sont en effet facturées 19 euros, contre 23 pour un généraliste, et 28 pour un gynécologue. Des revenus parmi les plus faibles de l’hôpital comme du secteur libéral.
Étudiantes et formatrices partagent ce sentiment d’exclusion. « Nous sommes la seule profession médicale à n’être pas intégrée à l’université : comme les ergothérapeutes, les kinés, ou les infirmières, nous restons sous tutelle de la région or nous souhaitons passer sous le régime Licence-Master-Doctorat, comme les médecins ou les dentistes, et garder notre autonomie », développe Hélène Malmanche, vice-présidente de l’ANESF.
« Une femme, une sage-femme ».
Le plan périnatalité bis de l’intersyndical fait de la sage-femme le pivot du parcours de la parturiente. « Nous souhaitons que la Sécurité sociale créé un parcours incitatif pour les soins de premiers recours, afin que les futures mères soient prises en charge par les sages-femmes, qui sauront les réorienter vers un médecin si la grossesse se révèle pathologique », explique Annie-Claude Ottan, de l’UFMICT-CGT. Les sages-femmes militent par conséquent pour la constitution d’une filière physiologique à l’hôpital, au sein des maternités de proximité, et dans les maisons de naissance, qu’elles souhaitent expérimenter. Les professionnelles libérales demandent, quant à elle, l’ouverture des plateaux techniques pour les accouchements. Autant de mesures qui impliquent la revalorisation de leur statut et rémunération, par ailleurs clefs de la lutte contre la désertification médicale. « Nous avons trop accepté par empathie pour nos patientes : désormais nous défendons notre position », conclut Christelle Gerber Montaigu.
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