Le Collège national des sages-femmes (CNSF), créé en 2001, a franchi un nouveau pas dans la mutation de la profession engagée ces dernières années en publiant ses premières recommandations.
C'est sur l'utilisation de l'ocytocine de synthèse, l'oxytocine, utilisée quotidiennement en pratique pendant le travail spontané que s'est porté le choix des sages-femmes pour leur premier travail de recherche mené en partenariat avec le Collège national des gynécologues-obstétriciens (CNGOF), l'INSERM et un collectif des usages, le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE).
Risques liés à l'oxytocine
Le CNSF alerte sur le fait que l'oxytocine n'est pas sans risques. Une étude de l'INSERM, réalisée dans 106 maternités françaises représentant 20 % des accouchements sur le territoire, a montré que l'oxytocine multiplie par 1,8 le risque d'hémorragie grave et que ce sur-risque augmente avec la dose d'hormone administrée pendant le travail. Or il semble que la France administre globalement davantage d'oxytocine que les autres pays européens.
Ce travail a conduit à redéfinir le premier stade du travail, qui va du début de la dilatation du col à dilatation complète, et notamment de la première phase, dite phase de latence. Le CNSF conclut que le début de la phase active, la deuxième phase, est désormais repoussé à 5-6 cm de dilatation contre 3-4 cm auparavant. Le CNSF appelle à respecter cette phase de latence, comme le recommandent déjà les Américains.
La juste dose, au bon moment
« Ces recommandations sont importantes car elles visent à trouver un juste milieu. Il ne s'agit pas de "démédicaliser" mais de mieux prescrire, la juste dose, au bon moment », commente le Dr Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne, CNGOF à l'hôpital Port Royal (AP-HP). Ces recommandations concernent les accouchements de femmes à terme, portant un seul bébé, avec une présentation céphalique, et dans le cadre d'un travail spontané (non déclenché), précise Camille Le Ray.
Le CNSF recommande de pratiquer la rupture artificielle des membranes, qui accélère le rythme des contractions utérines, avant l'administration d'oxytocine. De plus, le CNSF souligne que la péridurale n'est pas une indication à une administration systématique d'oxytocine, contrairement à ce que l'on aurait pu croire. Concernant la 2e phase de travail (phase de descente et phase d'expulsion), le CNSF appelle là aussi à une médicalisation raisonnée en recommandant d'attendre jusqu'à 2 heures maximum que le bébé descende avant d'utiliser l'oxytocine.
Alors qu'un tiers des femmes rapportent ne pas avoir été informées de l'administration d'oxytocine au cours du travail d'après une étude réalisée par les usagers, le CNSF insiste sur la nécessité de sensibiliser le public. Le CNSF recommande « à chaque maternité de pouvoir évaluer son taux d'administration d'oxytocine durant le travail spontané comme indicateur de la qualité des soins en salle de naissance ».
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