ON LE SUSPECTAIT fortement, une équipe internationale de cardiologues vient de le confirmer : les statines ont un effet protecteur vis-à-vis des épisodes thrombo-emboliques veineux. Voilà un argument de plus pour justifier la prescription de cette classe médicamenteuse en prévention… Si plusieurs travaux pharmacologiques plaidaient pour un rôle des statines sur la thrombose et l’inflammation, les données cliniques observationnelles étaient jusqu’alors partagées à 50/50. Preuve est ainsi faite avec cet essai randomisé en double aveugle testant la rosuvastatine et appelé JUPITER (Justification for the Use of Statins in Prevention). Tous les épisodes thrombo-emboliques symptomatiques veineux y étaient consignés, qu’il s’agisse d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde. Chaque suspicion de thrombose était confirmée par une échographie doppler pour les phlébites, par un angioscanner ou une scintigraphie de ventilation/perfusion pour les embolies pulmonaires.
Un risque relatif de 0,57.
L’action antithrombotique s’est révélée indépendante de l’effet hypolipémiant puisque les 17 800 participants avaient un taux de LDL cholestérol normal à l’inclusion, à moins de 130 mg/dl, et une CRP ≥ 2,0 mg/l. Les sujets en bonne santé recevaient ainsi après randomisation soit de la rosuvastatine à 20 mg/jour, soit un placebo. Au cours d’un suivi médian de 1,9 ans, 34 sujets du groupe rosuvastatine ont présenté un épisode thrombo-embolique versus 60 dans le groupe placebo. Le nombre d’événements thrombo-emboliques était ainsi significativement plus faible dans le groupe traité avec un risque relatif de 0,57 (IC 95 %, 0,37-0,86, p= 0,007).
Curieusement, la protection était comparable, que l’événement thrombo-embolique soit provoqué (traumatisme, chirurgie, cancer) ou non. A contrario, les bénéfices étaient plus marqués dans certains groupes, les sujets âgés et ceux ayant une surcharge abdominale. Une des faiblesses de l’étude, outre son suivi limité, est de n’avoir pas étudié la relation dose-effet. Certaines données suggèrent, en effet, que le bénéfice serait supérieur à des doses plus élevées. De plus, l’évaluation est biaisée de façon quasi-obligatoire du fait des événements asymptomatiques, qui passent inaperçus. Les auteurs soulignent la nécessité de tester les statines chez les sujets à risque élevé, en particulier en cas d’antécédents de thromboses veineuses.
N Engl J Med 360 ; 1851-1861, 30 avril 2009.
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