«ØLe flux des migrants est réel et important, mais il ne nous submerge pas, contrairement aux rumeurs qui circulent, y compris au sein de l’établissement, proteste Martin Trelcat, directeur du CH de CalaisØ: la prise en charge des réfugiés reste marginale, de l’ordre de 1Ø% des actes pratiqués. Non, nous n’avons fermé ni des blocs opératoires, ni des lits, non les migrants ne passent pas devant les autres patients. Dans son dernier rapport, le Défenseur des droits déplorait d’ailleurs qu’ils ne soient pas pris en charge suffisamment vite et chez nous c’est l’urgence qui est le seul critère pris en compte, qu’un patient soit calaisien ou réfugié.Ø»
«ØChaque année, les entrées aux urgences progressent de 15 à 20Ø%, précise le DrØMohamed El Mouden, PH responsable des PASS (Permanences d’accès aux soins de santé), mais on observe une baisse de fréquentation à la PASS du CH, qui accueille tous les précaires, aussi bien migrants que calaisiens, sans doute en lien avec l’ouverture, le 31Øoctobre dernier, d’une seconde PASS, délocalisée au centre Jules-Ferry, l’accueil de jour situé à proximité de la Jungle. Là-bas, deux médecins, deux infirmières et bientôt trois, un psychologue, une assistante sociale et un interprète voient tous les jours une centaine de réfugiés. C’est une équipe formatée pour traiter la totalité des patients migrants, à proximité de leur lieu de vie.Ø»
«ØLes principales pathologies sont des infections ORL, de la petite traumatologie (contusions, entorses, fractures), ainsi que quelques cas de paludisme, et bien sûr de la parasitologie, avec les galesØ», indique encore le responsable des PASS.
«ØDes cas de grippe ont aussi été diagnostiqués en novembre, qui ont déclenché immédiatement une campagne de vaccination, rapporte M. Trelcat. De même, après les trois cas de rougeole signalés en janvier, en lien avec l’ARS (Agence régionale de santé), une autre campagne de vaccination a été lancée. Grâce à l’intervention de l’EPRUS, nous sommes très réactifsØ», insiste le directeur du CH. Et le 2Øfévrier, les équipes de MSF ont pris le relais pour assurer la meilleure couverture vaccinale contre la rougeole.
Record de France du BK
Restent les cas de tuberculose, dans une région qui détient le record de France du BK. Les cas suspects, systématiquement orientés vers le CH, ont été confirmés pour deux d’entre eux en 2015, contre cinq en 2013. Pas d’épidémie à l’horizon calaisien.
«ØQuant aux cas d’Ebola qui, selon la rumeur, seraient dissimulés, on nage évidemment en pleine fantasmagorie, souligne le Dr El Mouden, s’agissant, d’une épidémie qui s’est éteinte dans ses pays d’origine.Ø»
Si donc, comme le souligne le DrØMalonne, PH rééducateur, «Øla prise en charge des migrants par le CH est adaptée en moyens et en spécificitésØ», le phénomène de propagation des rumeurs reste préoccupantØ; «Øcomme partout dans le monde, rappelle le DrØJanssens, chef de mission de MSF (voir encadré), les réfugiés, victimes d’amalgames politiques, sont suspects d’être porteurs de la peste et du choléraØ». Dans une zone géographique qui souffre de carences dans plusieurs spécialités (aucun pédiatre, aucun gynécologue, aucun diabétologue endocrinologue en ville), l’hôpital est l’unique recours, qui doit être protégé contre les mises en cause malveillantes. Les professionnels libéraux ont ainsi été conviés le 26 janvier à une réunion d’information anti-rumeurs, avec communication des dernières données épidémiologiques de la HAS. Mais seuls quinze généralistes ont pu répondre présent.
Ch. D.
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