Un simple transport en métro change parfois une vie. Même s’il faut pour cela accepter un grand détour, ici par Pékin. La ligne droite n’est en effet pas le plus court chemin lorsqu’il s’agit de tracer sa route. Les allers et retours se révèlent plus fructueux. « J’étais dans le service de maladies infectieuses pour trois mois dans la capitale chinoise en 2005. Et dans le métro je rencontre une jeune française, étudiante en médecine, qui me vante l’intérêt de la santé publique. » La carrière de Lise Alter, directrice de l’Agence de l’innovation en santé, ici bascule. La jeune médecin a enfin trouvé sa voie à plus de 8 000 km de Paris. Comment trouver le bon itinéraire lorsque l’on est doté d’un excellent capital scolaire ? Choisir entre les sciences et les lettres ? Cela ne se résume peut-être pas au problème d’une adolescente gâtée par les dieux de l’enseignement et de l’éducation. En tout cas, titulaire d’un bac S mention très bien, Lise Alter opte pour Maths sup selon l’appellation d’époque au lycée Hoche à Versailles. Le séjour sera très bref, quelques semaines avant d’envisager la médecine. Mais là encore, la déception pointe rapidement. Loin d’être un dialogue fructueux entre les sciences et les humanités, les études médicales privilégient les performances mnésiques. Même les premiers stages dans les services hospitaliers se révèlent frustrants. « On s’agite sur le diagnostic, la thérapeutique, très peu sur l’homme », résume Lise Alter. L’engagement au cœur des politiques publiques sera donc privilégié. La jeune pianiste qui excelle dans l’interprétation des œuvres virtuoses de Franz Liszt fait ses gammes au sein de la Direction générale de la santé puis à la Caisse nationale de l’assurance maladie. Mais de nouveau, la praticienne en santé publique opère un changement de direction à 180° en acceptant la proposition du laboratoire Lilly. Avant de prendre la direction de la Business Unit oncologie, elle intégrera le département market access. Aujourd’hui, Lise Alter ne regrette pas ce virage par l’industrie pharma. « On a beaucoup à apprendre du secteur privé sur le plan managérial. » Après quatre ans passés au sein de l’industrie pharma, le retour vers l’administration publique est opéré. Lise Alter rejoint la Direction générale de l’offre de soins avant d’accéder au poste plus exposé de directrice de l’évaluation médicale, économique et de santé publique à la Haute Autorité de santé. « En pleine crise Covid, il a fallu changer les procédures et s’adapter à l’urgence. » Bref comme son patronyme l’indique, le changement, ce n’est pas maintenant mais tout le temps, même dans sa vie familiale. La mère de trois enfants, pour donner le goût de la lecture à ses deux ainées, n’hésite pas à son retour du travail à leur lire à haute voix du Zola. « On critique notre société aujourd’hui. Mais il est bien de savoir d’où l’on vient, et de toucher, mesurer la misère vécue au quotidien à la fin du XIXe siècle. » Les voyages dans le temps forment aussi la jeunesse.
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Lise Alter, la virtuose
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Publié le 09/02/2023
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Crédit photo : S. Toubon
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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