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L’obésité, pas si protectrice que cela vis-à-vis des fractures

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Publié le 05/06/2023
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Crédit photo : BURGER / PHANIE

L’un des avantages longtemps supposés de l’obésité était un risque réduit de fractures ostéoporotiques, accompagné d’une densité minérale osseuse (DMO) plus élevée, qui pouvait s’expliquer par une charge squelettique mécanique et des taux d’œstrogènes plus importants. La réalité semble plus complexe et l’on sait depuis ces dernières années que les fractures ont une distribution atypique chez les personnes obèses, avec une incidence plus faible de fractures ostéo­porotiques typiques telles que la hanche, la colonne vertébrale ou le poignet, mais un risque accru de fractures de la cheville, de la partie supérieure de la jambe et de l’humérus.

« Les études récentes contredisent l’ancien paradigme selon lequel les patients obèses seraient davantage protégés que ceux de poids normal, confirme le Pr Osvaldo Messina (université de Buenos Aires, Argentine). En effet, elles objectivent plutôt un risque globalement accru de fractures chez les patients obèses, et en particulier chez ceux dont le contenu en tissu adipeux viscéral est plus élevé. »

L’IMC, un indicateur trompeur

Il est désormais étayé que l’IMC est un meilleur indicateur de la masse maigre que de la masse grasse, une masse maigre plus élevée étant corrélée positivement à la densité minérale osseuse (DMO) du col fémoral, alors que la masse grasse n’a aucun effet sur la DMO.

« Ainsi, résume le Pr Peter Ebeling (université Monash, Clayton, Australia), une masse maigre plus élevée, et non une masse grasse, explique probablement les associations positives entre un IMC plus élevé et la DMO. C’est pourquoi la répartition de la graisse corporelle peut être plus prédictive des fractures ostéoporotiques que l’IMC. Les hommes avec des niveaux plus élevés de tissu adipeux viscéral ont des propriétés mécaniques osseuses plus faibles, malgré une DMO similaire à ceux ayant peu de tissu adipeux viscéral. Une méta-analyse a démontré qu’un tour de taille élevé – reflet de l’adiposité abdominale – était associé à une augmentation de près de 60 % du risque relatif de fracture de la hanche. Au final, alors que les hommes en “insuffisance pondérale” ont l’incidence la plus élevée de fractures de la hanche, il n’en reste pas moins que la plupart des fractures de la hanche surviennent chez les hommes en surpoids ou obèses. »

Les autres facteurs qui conduisent à une altération osseuse chez les personnes obèses sont une carence en vitamine D, un risque accru de chute en raison du « syndrome ostéosarcopénique » (syndrome récent qui décrit la coexistence de l’ostéoporose et de la sarcopénie et accroît le risque de chute et de fractures), une mobilité réduite et des niveaux altérés en certaines adipokines.


Source : lequotidiendumedecin.fr