L’usage de produits déodorants et antitranspirants modifie de façon significative la richesse et la composition de la flore bactérienne axillaire, indique une étude américaine publiée dans la revue « PeerJ »*.
Il est bien connu que l’aisselle humaine abrite une communauté bactérienne importante, notent les chercheurs de la Caroline du Nord, responsable du projet. Des travaux récents ont montré qu’il existe des variations substantielles d’un individu à l’autre, dans la composition de ce microbiote. Ces variations sont nettement supérieures aux variations individuelles qui affectent d’autres régions de l’anatomie humaine.
Des échantillons de sécrétions axillaires
De là à incriminer les produits d‘hygiène, il n’y avait qu’un pas que les microbiologistes américains n’ont pas hésité à franchir. Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont recruté 17 participants, hommes et femmes, répartis en trois groupes : un groupe utilisant régulièrement des produits antiperspirants, un autre usant un déodorant qui ne bloque pas la transpiration et un troisième ne faisant l’usage d’aucun produit. Ils ont ensuite procédé à une expérience d’une durée de 8 jours au cours de laquelle ils ont prélevé quotidiennement un échantillon des sécrétions axillaires de chaque volontaire.
Le premier jour, les participants ont suivi leur routine habituelle concernant l’usage ou l’absence d’usage de produits déodorants ou antisudoraux. Du deuxième jour au sixième jour, aucun d’entre eux n’a utilisé de produit déodorant ou antisudoral. Les septième et huitième jours, tous les volontaires ont utilisé le même produit antisudoral.
Les chercheurs ont ensuite effectué une culture de tous les échantillons recueillis pour déterminer l’abondance des microorganismes présents chez chaque volontaire et les changements éventuels au cours des différentes phases de l’étude.
Séquençage génétique
Le premier jour, les individus qui utilisaient des antisudoraux semblaient avoir moins de microorganismes axillaires que ceux n’utilisant aucun produit, mais du fait de leur extrême variabilité, les résultats étaient difficiles à interpréter. Au sixième jour, le nombre de bactéries retrouvé chez chacun des participants était équivalent. Aux jours sept et huit, l’usage généralisé d’antisudoral a réduit de façon significative le nombre de microorganismes présents chez tous les sujets.
Grâce au séquençage génétique de tous les échantillons prélevés entre le troisième et le sixième jour chez les participants, les microbiologistes ont montré que la nature des bactéries présentes varie énormément avec les habitudes d’hygiène.
Selon leurs résultats, 62 % des microbes présents sont constitués par des bactéries du genre Corynebacterium, 24 % par des bactéries de la famille des Staphylococcaceae et 8 % par un mélange aléatoire d’autres bactéries chez les sujets n’utilisant habituellement aucun produit.
Impact sur la santé méconnu
Chez les personnes utilisant soit un déodorant, soit un antisudoral, les proportions des deux groupes microbiens les plus importants sont plus ou moins inversés, avec 60 % des bactéries représentées par la famille des Staphylococcaceae, et 15 à 30 % d’entre elles par des Corynebacterium. De plus, chez les utilisateurs d’antitranspirant, plus de 20 % des bactéries représentent un mélange hétérogène arbitraire.
« L’utilisation d’antitranspirant et de déodorant réarrange complètement l’écosystème microbien de la peau. Et nous n’avons aucune idée de l’effet, s’il y en a un, que cela a sur notre peau et sur notre santé. Est-ce bénéfique ou nuisible ? Cela devrait constituer une direction pour des études futures », a déclaré Julie Horvath, professeure à l’Université centrale de Caroline du Nord et directrice du projet.
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