Le pictogramme sur les boîtes de médicaments signalant un risque ou une contre-indication pendant la grossesse est trop fréquemment utilisé sur des produits dont le risque n'est pas « avéré », ce qui le rend « contre-productif », estime lundi l'Académie nationale de pharmacie.
« À ce jour, 60 à 70 % des spécialités sont dotées de l'un de ces pictogrammes, alors que seules 10 % des spécialités disponibles sur le marché français devraient être concernées par une telle mesure en raison d'un risque embryonnaire ou fœtal avéré chez l'humain », juge l'institution. « Étant donné l'absence de liste officielle de médicaments relevant de cette disposition, les fabricants sont incités à élargir le champ d'application de ces pictogrammes dans un souci médico-légal », pour protéger leur responsabilité, ajoute-t-elle.
En février 2018, l'Académie de médecine avait elle aussi déploré une démultiplication de ces pictogrammes et estimé que cela provoquait « une vague d'inquiétude infondée ».
Préserver le colloquer singulier
Le danger d'un médicament pour le fœtus est généralement estimé sur la base d'études précliniques (in vitro et chez l'animal) ou après des études épidémiologiques suite à des signalements de cas. Le pictogramme représentant une femme enceinte, accompagné d'un message de mise en garde a été mis en place fin 2017 après le scandale de la Dépakine, dont les dangers pour le fœtus en cas de prise pendant la grossesse avaient tardé à être signalés dans la notice.
Il existe deux types de message: « nom du médicament + grossesse = danger », pour ceux à ne pas utiliser sauf en l'absence d'alternative thérapeutique, et « nom du médicament + grossesse = interdit », pour ceux à ne jamais utiliser lors de la grossesse.
L'Académie de pharmacie, « en accord avec le CRAT » (Centre de référence sur les agents tératogènes), recommande de ne garder que le premier des deux, « l'usage de ces médicaments pendant la grossesse devant faire l'objet d'un dialogue singulier entre le médecin et la patiente ».
Enfin, le CRAT estime qu"il est « impératif » que le gouvernement modifie le décret de 2017 créant ce pictogramme car ses « modalités d'application le rendent actuellement contre-productif ».
(Avec AFP)
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