Il faudrait bien un jour se livrer à une vaste enquête sur le vivier de talents que recèle la célèbre Inspection générale des affaires sociales (Igas). S'il était nécessaire d'en administrer une preuve, la parution récente du livre de Stéphanie Dupays, Un puma dans le cœur*, couronné par l'Académie nationale de médecine, en serait une brillante illustration. Loin du style administratif et impersonnel d'un rapport récent sur « le dépistage organisé des cancers en France », l'auteur se livre à une enquête d'un type impossible à mener dans le cadre d'un corps d'État, celui d'une investigation familiale autour de l'arrière grand-mère de l'autrice. La légende familiale l'avait consacrée "morte de chagrin, le cœur brisé" à la suite de plusieurs décès douloureux. En fait, elle est décédée 40 ans après le "jour officiel" de sa disparition dans un hôpital psychiatrique. Le stigmate de la maladie mentale dans la première partie du XXe siècle était alors un stigmate trop lourd à porter. Jusqu'à pratiquer le déni, et l'impossibilité de reconnaître la vérité pour la famille, des gens de peu, qui récusent d'avance un regard social discriminant pour la descendance. L'ancêtre retrouvera sa part de vérité grâce à son arrière-petite-fille, héritière d'un mensonge et qui s'en libère grâce à une écriture associant narration classique et poésie libre. Faut-il préciser que l'on lira autrement les prochains rapports estampillés Igas et rédigés par Stéphanie Dupays.
* Éditions de l'Olivier, 2023, 206 pages, 18 euros.
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