Ce mercredi soir à 20h30 la chaîne parlementaire LCP diffuse un documentaire intitulé #Metoo chez les médecins. Il revient sur la prise de parole de patientes contre leurs praticiens pour des faits de violences sexistes et sexuelles.
Sur 11 ans, les réalisateurs Xavier Deleu et Julie Pichot ont suivi le parcours, judiciaire notamment, de femmes qui ont porté plainte contre leurs médecins. En fil rouge de ce documentaire de 55 minutes, le parcours de 2011 jusqu’à aujourd’hui de Jackie, victime de son psychiatre, et ses différents recours, notamment devant la justice ordinale.
L' (in)action de l'Ordre en questions
Car en filigrane du film et des histoires des victimes présumées, c’est aussi l’inaction de l’Ordre des médecins qui est pointée du doigt par les réalisateurs. En introduction, la voix off évoque ainsi des agressions qui sont « si souvent couvertes par l’Ordre des médecins ». Et la conclusion du documentaire est sans appel : « Pour mettre fin à la complaisance envers les violeurs en blouse blanche, n’est-il pas temps de mettre en cause le Conseil de l’Ordre et de faire des médecins des justiciables comme les autres ? ».
Entre les deux, le documentaire évoque le cas, au Mans, d’un psychiatre accusé de viol pour lequel dix ans se sont écoulés avant qu’il soit finalement poursuivi par la justice. Il suit aussi l’affaire du Dr André Hazout, professeur de gynécologie, longtemps inattaquable, finalement condamné à sept ans de prison. À Arras, le Dr Bernard Henric, gynécologue et endocrinologue, peut continuer à exercer sa deuxième spécialité alors qu’il est l’objet d’une soixantaine de plaintes. Des remontées devant les Ordres des années avant que les faits n'arrivent en justice, des médecins blâmés pour avoir dénoncé leurs confrères, des non-lieux controversés : dans ces différentes affaires, la justice ordinale est pointée du doigt, comme l’avait montré également le rapport de la Cour des comptes sur l’Ordre des médecins daté de décembre 2019.
(à lire aussi Violences sexuelles : « la confraternité est un obstacle aux signalements »)
« En matière de violences sexuelles, ils sont nuisibles, ils sont nettement complices des agresseurs », lâche ainsi, dans le film, le Dr Emmanuelle Piet, généraliste à la tête de l’association Collectif féministe contre le viol (CFCV). Mais avec l’élan du mouvement #metoo et alors que les témoignages se multiplient aussi dans le milieu médical, l’Ordre des médecins est obligé de montrer, au moins en apparence, qu’il évolue et est à l’écoute des victimes.
Interrogé en 2021 dans le documentaire, le vice-président du Cnom, le Dr Jean-Marcel Mourgues, explique que les conseils départementaux sont très fortement incités à porter plainte contre les médecins dans les cas d’affaires à connotation sexuelle. « On ne peut surtout pas se réfugier derrière le fait que c’est parole contre parole. On ne peut plus l’entendre », souligne-t-il. Fin 2022, le Dr Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, elle aussi vice-présidente du Cnom, reconnaît que certaines errances ont pu être liées « à une inaction » à une époque.
En novembre 2021, 37 collectifs, dont des syndicats de médecins, réclamaient une enquête publique et indépendante sur les pratiques disciplinaires de l’Ordre des médecins envers les prédateurs sexuels.
#Metoo chez les médecins, de Xavier Deleu et Julie Pichot.
Diffusions :
Mercredi 11 janvier à 20 h 30
Mercredi 18 janvier à 00 h 30
Mercredi 5 avril à 20 h 30
Mercredi 12 avril à 00 h 30
Et en replay sur LCP.fr
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