C’est une étape importante dans la compréhension du déclin cognitif du patient âgé qui vient d’être franchie dans une nouvelle étude parue ce lundi dans « Nature ». Lucas Smith, de l’université de Californie San Francisco, et ses collègues, y identifie un facteur dont l’accumulation dans le sang est directement corrélée aux pertes de mémoires des animaux âgés : la microglobuline bêta 2. Il s’agit d’une protéine faisant partie du complexe majeur d’histocompatibilité.
Leurs travaux s’appuient sur une approche expérimentale qui a le vent en pope depuis quelques années : la « parabiose hétérochronique » qui consiste à relier les circulations sanguines de deux animaux, un jeune et un plus âgé, afin d’améliorer les capacités motrices et cognitives des animaux les plus vieux. En août 2014, les chercheurs de l’institut de recherche sur les cellules souches de Harvard avaient montré que la restauration des niveaux sanguins de GDF11 renversait la dégénérescence musculaire liée à l’âge des souris .
Sa concentration sanguine augmente avec l’âge des animaux (environ 2 µg par mL chez les souris de 24 mois contre 0,5 chez celles de 3 mois) et est inversement proportionnelle au déclin des capacités régénératives de l’hippocampe. Les chercheurs ont observé que la microglobuline bêta 2 a le provoque un déclin cognitif chez la souris jeune, qu’elle soit administrée par voie systémique, ou par voie topique : injectée directement dans l’hippocampe.
Une cible thérapeutique chez le patient âgé
L’effet était plus faible chez les souris dont le gène Tap-1 est inactivé. Le Gène Tap-1 code pour une protéine nécessaire, entre autres, au transport intracellulaire des peptides du complexe majeur d’histocompatibilité. De même, les souris incapables de produire de la microglobuline bêta 2 endogène étaient immunisées contre le déclin cognitif, et les capacités régénératives de leurs hippocampes restaient intactes.
« Nos données suggèrent que l’accumulation de microglobuline bêta 2 pourrait être une cible thérapeutique chez les personnes âgées », concluent les auteurs.
Ces travaux viennent confirmer des observations plus anciennes, selon lesquelles la microglobuline bêta 2 et le complexe majeur d’histocompatibilité agissent indépendamment de leur rôle dans la réponse immunitaire sur la plasticité synaptique et le développement neuronal. Elle est également présente chez l’homme, et on en a détecté des taux anormalement élevés dans le liquide céphalorachidien des patients souffrant de démences induites par une infection par le VIH.
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