Le Généraliste. La SFD vient de réactualiser les recommandations sur l’acné. Cette nouvelle feuille de route vous semble-t-elle adaptée au quotidien des praticiens ?
Dr Marie-Hélène Certain. Ces recommandations sont des recommandations de bon sens qui me paraissent plutôt pertinentes et qui ont le mérite de reposer les choses. Globalement, ce qui est préconisé correspond en grande partie à ce que nous faisons déjà en médecine générale avec une graduation des traitements en fonction du stade et une escalade thérapeutique progressive.
En pratique, quelles sont les difficultés rencontrées en médecine générale face à un patient acnéique
Dr M.-H. C. L’acné est presque un passage obligé à l’adolescence. La difficulté est de différencier ce qui est « normal » à cet âge-là et ce qui devient pathologique ou invalidant avec un retentissement important pour la personne. Le vécu de l’acné est très subjectif et variable d’un patient à l’autre, de même que les attentes vis-à-vis du traitement. L’enjeu est donc de faire la part des choses sans passer à côté des formes gaves.
Peut se poser également le problème du remboursement du traitement. Certains médicaments de l’acné relevent du conseil, avec des prix libres et élevés, ce qui fait le lit des inégalités sociales de santé. Il n’y a pas de raison que les gens qui n’ont pas beaucoup de moyens soient privés de traitement. La demande de traitements remboursés peut parfois amener à modifier les stratégies thérapeutiques.
Dans les nouvelles recos, la place de l’isotrétinoïne reste assez réduite. Dans ce contexte, la décision de l’ANSM consistant à réserver la prescription initiale aux dermatologues vous paraît-elle si regrettable ?
Dr M.-H. C. Ce qui nous a beaucoup choqués dans cette décision est que l’on prive les généralistes de ces traitements, alors que les primo-prescriptions- et les dérives éventuelles- ne sont que rarement de leur fait. L’ANSM a voulu limiter le nombre de prescripteurs pour circonscrire la surveillance. Nous pensons que c’est en fait un « mauvais calcul », car il démotive voire disqualifie les généralistes.
Par ailleurs, comme il y a beaucoup de patients qui vont en accès direct chez le dermatologue, le risque est que le médecin traitant ne soit plus au courant des prescriptions d’isotrétinoïne et ne puisse plus jouer son rôle dans le suivi, l’accompagnement , et donc la prévention des risques de ces traitements.
Mieux aurait valu imposer des conditions de prescriptions plus collectives avec une régulation à la fois par le pharmacien, le médecin traitant et le dermatologue. On aurait pu imaginer par exemple un processus de décision partagée d’autant que l’acné impose rarement un traitement urgent.
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