DSS. La grève du 29 novembre dernier a-t-elle été un succès ?
Norbert Skurnik : C'était la deuxième grève cette année. La première a eu lieu en septembre. Nous souhaitions un acte symbolique, soit un rassemblement devant le ministère et être reçus. La grève a été un grand succès. Nous avons eu près de 70 % de grévistes. Pour se déclarer, il fallait au moins une heure de grève dans chaque hôpital. Nous avons même eu Sud et la CGT parmi les soignants qui sont venus spontanément en négociations préalables accompagner le mouvement.
En septembre, l'intersyndicale qui avait demandé un RDV auprès du ministre avait eu une fin de non-recevoir. Et cette fois-ci, notre mouvement a été reçu par une délégation mixte cabinet/DGOS. Elle nous a annoncé que le ministre François Braun nous recevra fin janvier. Cette réunion sera précédée le 15 janvier d'une réunion préparatoire avec le cabinet.
DSS. Qu'allez-vous demander au ministre ?
N. S. Nous demanderons une mesure spécifique pour l'hôpital public. Car depuis vingt-cinq ans, nous voyons un certain nombre de mesures salariales catégorielles passer - mais aucune pour la psychiatrie - et qui ont toutes comme point commun gardes et astreintes. Mais cela ne correspond pas à la pénibilité spécifique à la psychiatrie. Nous subissons souvent des crachats, des insultes, avec une forte concentration de malades difficiles dans un nombre de lieux réduit et la démographie qui s'effondre. Dans ces conditions, plus personne n'a envie de travailler en psychiatrie.
Quelles sont alors les solutions ?
Il faut d'une part rouvrir des lits et les structures alternatives pour qu'il n'y ait plus de concentration de malades difficiles et psychotiques dans des lieux limités et d'autre part augmenter les rémunérations.
Comment faire pour rouvrir des lits en temps de pénurie médicale ?
C'est un cercle vicieux. On a fermé trop de lits et donc on a rendu la profession plus difficile et surtout moins attractive, avec pour conséquence une errance médicale de nos malades. De plus vient s'ajouter l'extraordinaire propension dans notre pays à faire des certificats par des lois successives et contradictoires. Dans ces conditions, les jeunes n'ont plus du tout envie de faire psychiatrie. Pour combattre cela, la carotte serait de les attirer avec une rémunération qui tient compte de la pénibilité du milieu psychiatrique. Par ailleurs, à côté des fermetures de lits, il n'y a pas eu d’ouverture de structures alternatives (hôpitaux de jours, foyers thérapeutiques, chambres d'hôtel...) qui nécessitent beaucoup moins de personnels. Certaines disciplines qui n'étaient pas du tout attractives le sont devenues et d'autres qui l'étaient le sont beaucoup moins dorénavant comme la psychiatrie.
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