Les nouvelles recommandations de la SFD viennent actualiser celles de 2007, et font suite aux nombreuses alertes sanitaires de ces dernières années (risques thromboemboliques associés à la pilule de 3e génération Diane 35, risques psychiatriques associés à l’isotrétinoïne, restriction de la prescription d’antibiotiques.
Le groupe de travail, composé de dermatologues et d’un médecin généraliste, a opté pour des recommandations sous forme d’un algorithme simple et rapide à utiliser pour les praticiens. Sur le site reco.sfdermato, les médecins peuvent trouver des images illustrant les différents grades de sévérité de l’acné, avec les recommandations associées.
Pour une acné légère à modérée, les traitements locaux à base de peroxyde de benzoyle et de rétinoïdes sont à privilégier ; le peroxyde de benzoyle peut être prescrit pendant toute la durée de la grossesse et durant l’allaitement.
Au vu de leur efficacité modeste et du risque de résistances, la place des antibiotiques locaux s’est nettement réduite. Un antibiotique oral (doxycycline ou lymécycline) peut être prescrit pendant une durée de 3 mois pour une acné moyenne, ou en cas d’échec des traitements topiques dans une acné légère. La minocycline a pour sa part été retirée de l’arsenal thérapeutique, à cause d’effets indésirables importants.
Grades sévères et très sévères
L’isotrétinoïne est réservée pour les grades d’acné sévères et très sévères avec un risque cicatriciel important ou en cas d’échec à 3 mois des traitements locaux pour une acné moyenne. Depuis le mois de mai, la primoprescription est restreinte aux seuls dermatologues par l’ANSM, le renouvellement pouvant être effectué par le médecin généraliste. Malgré les recommandations déconseillant l’isotrétinoïne chez les femmes enceintes, il existe encore des grossesses sous traitement. Les experts rappellent qu’un objectif « zéro grossesse sous isotrétinoïne » est à viser, et pour cela, qu’un test de grossesse négatif doit impérativement être fourni avant chaque prescription, et être renouvelé chaque mois pendant le traitement et 5 semaines après la fin du protocole.
Concernant l’augmentation du risque dépressif sous isotrétinoïne, il n’a pas été observé dans les études sur de grandes cohortes, mais les experts recommandent que les praticiens informent leurs patients au sujet de ce risque, et se renseignent sur leurs antécédents personnels et familiaux.
Labellisation de la HAS
Enfin, concernant l’utilisation des contraceptifs oraux, au vu des données sur le risque thromboembolique lié aux associations oestroprogestatives, il est recommandé de ne prescrire une pilule pour traiter l’acné qu’à une femme qui a besoin de contraception. Si la patiente nécessite un contraceptif qui peut également agir sur son acné, le lévonorgestrel est recommandé en première intention, le norgestimate en deuxième intention. Les antiacnéiques de type Diane 35 ne peuvent être envisagés qu’en dernière intention si l’acné persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit.
Ces recommandations sont le premier travail du Centre de preuves de dermatologie mis en place l’année dernière, dans lequel la HAS s’associe à trois instances de dermatologie : la SFD, le Collège des enseignants (CEDEF), et la Fédération de formation continue en dermato-vénérologie (FFFCEDV). L’objectif de cette collaboration est d’actualiser les recommandations plus régulièrement, si possible tous les 5 à 6 mois. La labellisation HAS permet pour sa part de valider la méthodologie utilisée, et d’assurer la fiabilité et l’absence de conflits d’intérêts dans la mise en œuvre des recommandations.
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