Selon une enquête menée à la demande du Syndicat des biologistes (SDB) sur les obligations réclamées à la profession en matière d'informatique, quasiment aucun laboratoire ne serait en mesure de respecter les nouvelles contraintes imposées par le décret du 26 janvier 2016 (relatif à la loi de réforme de la biologie médicale).
Ce décret stipule qu'au 1er novembre 2016 tous les laboratoires devront être en mesure de communiquer leurs résultats selon le standard CDA-R2 (qui permet de véhiculer les données médicales) et que tous devront avoir déployé une messagerie sécurisée en santé pour la communication entre laboratoires et médecins prescripteurs.
« Actuellement, seuls 5 % des laboratoires sont prêts et 75 % des répondants de notre enquête n'en sont qu'au stade de projet… », assure François Blanchecotte, président du SDB. « C'est bien de mettre la barre très haut, mais il faut que tout le monde puisse suivre », met-il en garde.
500 000 euros pour changer toute l'informatique
L'enquête montre aussi que, pour la plupart des laboratoires, un temps de déploiement et de développement de trois ans sera nécessaire pour cette mise aux normes. Mais seuls 13 % des laboratoires de biologie médicale auraient aujourd'hui une version logicielle compatible avec les évolutions demandées par le décret.
Pire, 50 % du parc des laboratoires fonctionnerait sur des versions que les éditeurs ne rendront jamais compatibles – ce qui signifie que les systèmes devront être totalement changés. « Cela coûte très cher, environ 500 000 euros pour un labo de taille moyenne », explique François Blanchecotte.
« Le gouvernement nous avertit des délais au dernier moment par décret, cela n'est pas raisonnable », ajoute le président du SDB. Il rappelle que les biologistes sont astreints à ce même calendrier pour l'accréditation de leurs laboratoires. « Là encore, la "deadline" du 1er novembre ne sera jamais tenue, nous avions demandé qu’elle soit reculée de 6 à 8 mois mais cela n'a pas été accepté », fait valoir François Blanchecotte.
Selon la réforme, tous les laboratoires devront avoir accrédité 50 % du volume total de leurs actes au 1er novembre (avec au moins un examen accrédité par famille). « Je suis très inquiet pour les mois qui arrivent », conclut le chef de file du Syndicat des biologistes.
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