Les experts européens ont dévoilé, lors du congrès, les points clés des nouvelles recommandations européennes sur la prise en charge de l’ostéoporose masculine. Entre 20 et 25 % des fractures ostéoporotiques surviennent chez l’homme, et ces derniers sont touchés de manière plus tardive, leur risque de fracture augmentant rapidement à partir de 70-75 ans. Et globalement, après 50 ans, un homme a une probabilité de fracture ostéoporotique d’environ 20 % avant la fin de sa vie.
Le score Frax largement plébiscité
Parmi les principales différences hommes/femmes, « la densité minérale osseuse (DMO) des hommes qui se fracturent est plus élevée », résume le Pr John Kanis (université de Sheffield, Grande-Bretagne). Pour l’évaluation du risque fracturaire, le Frax a été largement plébiscité par le groupe de travail. « C’est l’outil approprié chez l’homme comme chez la femme », appuie le Dr Nicholas Fuggle (université de Southampton, Grande-Bretagne), rapporteur du débat d’experts ayant abouti aux futures recommandations.
En ce qui concerne les seuils d’intervention thérapeutique, rien n’a été dévoilé mais pour le Pr Bernard Cortet (Lille), membre du groupe d’experts européens, « il est probable que cela sera en phase avec ce que nous avons déjà acté dans les recommandations françaises 2021, selon lesquelles un traitement anti-ostéoporotique est recommandé en présence d’une fracture sévère (vertèbre, bassin, extrémité supérieure du fémur, fémur distal, humérus proximal) par fragilité osseuse, si l’un des T-score (mesuré par DXA, et à partir de courbes de référence masculines) est ≤ -1. En présence d’une fracture non sévère (poignet, cheville notamment) par fragilité osseuse, un traitement anti-ostéoporotique est préconisé si l’un des Tscore est ≤ -2. En l’absence de fracture, le traitement est indiqué chez les hommes avec facteurs de risque de fragilité osseuse ou de chute et si l’un des Tscore est ≤ -3. »
Un algorithme thérapeutique calqué sur celui de la femme
En dépit de différences certaines vis-à-vis de la DMO et du risque fracturaire, la prise en charge chez l’homme se calque sur celle des femmes.
Afin d’asseoir les choix thérapeutiques, le groupe d’experts a commandité une méta-analyse prenant en compte l’ensemble des études portant sur les thérapeutiques antifracturaires chez l’homme. En charge de ce travail, le Dr Charlotte Beaudart (université de Liège) confirme qu’il « s’agit de la plus vaste et actualisée des méta-analyses conduites chez l’homme ».
Concernant les bisphosphonates (médicament antirésorptif osseux), dans leur ensemble, leur efficacité est confirmée, avec un gain densitométrique moyen sur une période de 18 mois au col fémoral de 2,26 % et de 2,72 % pour la hanche totale. Pour l’anticorps monoclonal dénosumab (inhibiteur du ligand Rank, antirésorptif), son efficacité est importante, avec en moyenne un effet sur la DMO de 5,80 % au niveau du rachis lombaire, 2,07 % au niveau du col fémoral et 2,28 % au niveau de la hanche. Pour sa part, le tériparatide (fragment 1-34 de la parathormone ; agent anabolisant) a une efficacité sur la DMO de 8,19 % au niveau du rachis lombaire et de 1,33 % au niveau du col fémoral. Quant à l’abaloparatide (non disponible en France), ses effets moyens sont respectivement de 11,29 %, 3,98 % et 3,91 % sur les DMO du rachis lombaire, du col fémoral et de la hanche. Concernant le romosozumab (inhibiteur de la sclérostine attendu en France ; agent anabolisant), une seule étude randomisée contre placebo existe et retrouve un gain de DMO de +12,1 % au niveau du rachis lombaire, +2,2 % pour le col fémoral et +2,5 % pour la hanche après un an de traitement.
« D’après nos résultats, les médicaments de l’ostéoporose semblent apporter un bénéfice similaire chez l’homme et chez la femme, conclut Charlotte Beaudart. Il nous semble donc logique que l’algorithme thérapeutique dans l’optique de la prévention fracturaire chez l’homme soit similaire à celui qui est appliqué chez la femme. » Par conséquent, selon les prochaines recommandations, « tous les hommes ayant déjà fait une fracture de fragilité devraient être traités avec un traitement anti-ostéoporotique », indique le Dr Nicholas Fuggle.
La supplémentation en vitamine D et calcium doit être assurée chez tous ceux de plus de 65 ans. Les bisphosphonates par voie orale (alendronate et risédronate) constituent la première ligne de traitement chez les hommes à haut risque fracturaire ; le dénosumab et le zolédronate venant en seconde position. Un point qui diffère des recommandations françaises, qui laissent le choix de la modalité d’administration au médecin. Une thérapie séquentielle (un agent de formation osseuse suivi par un agent anti-résorptif) devrait être proposée pour les hommes à très haut risque fracturaire. Une supplémentation adéquate doit être instaurée en cas de faibles taux de testostérone libre ou totale.
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