Depuis la décision historique "Roe v. Wade" qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis, la question de l'avortement n'avait sans doute jamais été autant débattu Outre Atlantique que ces derniers mois. Elle fait un retour fracassant mercredi à la Cour suprême. Lors de cette audience, la haute cour examinera une loi de 2013 qui impose aux cliniques texanes pratiquant des avortements de posséder un plateau chirurgical digne d'un milieu hospitalier. La loi oblige par ailleurs les médecins qui font des IVG à disposer d'un droit d'admission de leurs patientes dans un hôpital local.
Les rédacteurs de ce texte le justifient au nom de la santé des femmes, affirmant oeuvrer à minimiser pour elles les risques sanitaires. Mais pour les défenseurs de l'IVG, il s'agit d'un faux prétexte, ces règles draconiennes ont forcé la fermeture en deux ans de dizaines de centres d'IVG au Texas. "Je suis hautement sceptique sur les affirmations selon lesquelles ces mesures visent à protéger la santé des femmes. Elles posent d'énormes entraves à des cliniques qui pratiquaient déjà des avortements sûrs et légaux", confie également Sherry Colb, professeur de droit à l'université Cornell.
Dans une étude récente, l'institut de recherche Texas Policy Evaluation Project dévoile que la loi du Texas a entraîné l'allongement des délais d'attente, des surcoûts, voire l'impossibilité pour certaines femmes de trouver une clinique. Selon l'organisation Whole Woman's Health, près de 75% de ces cliniques ont fermé dans cet Etat. Et le Texas Policy Evaluation Project rapporte qu'il ne resterait alors au Texas que 10 centres d'IVG pour 5,4 millions de femmes en âge de procréer.
Tous les experts s'accordent à dire que la portée du jugement rendu dans ce dossier concernant le Texas en débordera largement les frontières. "Cette affaire est vraiment importante au niveau national, car les opposants à l'avortement ont décrété des lois similaires ou tentent de le faire dans d'autres Etats", explique Michael Dell, un avocat spécialisé. A travers la décision de mercredi, c'est la légalité des restrictions posées par un nombre croissant d'Etats américains au droit à l'IVG qui se trouve donc posée.
La semaine dernière, un tribunal a ainsi donné raison à une loi identique adoptée en Louisiane, qui menace de fermeture trois des quatre centres d'IVG de cet Etat. Selon le Guttmacher Institute, organisme de recherche favorable à l'IVG mais dont les études font référence, les Etats américains ont adopté de 2011 à 2014 pas moins de 231 législations restreignant les conditions de l'IVG. Ceci, alors que le nombre d'Etats hostiles à l'avortement est passé de 13 en 2000 à 27 en 2014, selon cet institut. Si les mesures prises au Texas sont confirmées, "cela provoquera la fermeture de davantage de cliniques et cela galvanisera les opposants à l'avortement", avertit Me Dell.
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