LA LAMOTRIGINE peut continuer à être l’un des antiépileptiques (AE) le plus prescrit au cours de la grossesse. D’après une étude de cohorte danoise, il n’y aurait pas davantage de malformations fœtales graves suite à l’exposition à un AE de nouvelle génération au cours du premier trimestre. Ces observations ont été tirées d’après les données des 837 795 bébés nés vivants au Danemark entre janvier 1996 et septembre 2008. Cinq nouvelles molécules ont été regardées de plus près, à savoir la lamotrigine (Lamictal), l’oxcarbazépine (Trilpetal), le topiramate (Epitomax), la gabapentine (Neurontin) et le levetiracetam (Keppra).
Les molécules de première génération..
Ces nouveaux AE apparus sur le marché à partir des années 1990 se révèlent à la hauteur des attentes soulevées. Un besoin de médicaments plus sûrs au cours de la grossesse était pressant en effet, puisque le risque tératogène est multiplié par trois avec les molécules de première génération, telles que le phénobarbital, la phénytoïne, le valproate et la carbamazépine. Si les quelques données de sécurité disponibles de la lamotrigine, l’un des AE les plus prescrits chez les femmes enceintes, sont rassurantes, il en existe très peu pour les autres nouveaux AE.
Les épidémiologistes de Copenhague se sont appuyés sur deux registres nationaux danois, celui des naissances et celui du dossier médical. Ce dernier (« National Patient Registry ») comporte des données individuelles, comme le numéro de sécurité social, les dates d’admission et de sortie et les diagnostics posés. La définition des malformations majeures retenue était celle de l’EUROCAT (European surveillance of congenital anomalies), à l’exception près des aberrations chromosomiques, des anomalies génétiques et des malformations de cause inconnue exclues pour les besoins de l’étude. De nombreux facteurs confondants ont pu être identifiés à partir des deux registres (tabagisme maternel, antécédents de malformations familiales, âge maternel, troubles de l’humeur, prescriptions associées, etc), ce qui a permis d’ajuster les résultats.
Malformations majeures
Sur les 1 532 nourrissons exposés à la lamotrigine, à l’oxcarbazépine, au topiramate, au gabapentin ou au levetiracetam au cours du premier trimestre, 49 ont présenté une malformation majeure par rapport aux 19 911 des 836 263 bébés non exposés, soit respectivement 3,2 % versus 2,4 %, ce qui correspond à un rapport ajusté de prévalence (RAP) de 0,99. Une malformation majeure était constatée chez 38 des 1 019 nourrissons (3,7 %) exposés à la lamotrigine (RAP de 1,18), chez 11 des 393 nourrissons (2,8 %) exposés à l’oxcarbazépine (RAP de 0,86) et chez 5 des 108 nourrissons (4,6 %) exposés au topiramate (RAP de 1,44). Les cas avec exposition à la gabapentine (n=59) et au levetiracetam (n=58) étaient trop peu fréquents pour permettre de mesurer un effet.
Les Danois n’ont retrouvé aucune association entre l’utilisation des nouveaux AE au cours du premier trimestre et le risque de malformations fœtales. Ces nouveaux médicaments sont également prescrits dans les troubles bipolaires, la migraine et les douleurs neuropathiques. S’il apparaît envisageable d’arrêter le traitement dans ces deux dernières pathologies en fonction de la sévérité de la maladie, il semble bien difficile de le faire en cas d’épilepsie ou de troubles bipolaires. Les AE de dernière génération confirment leur supériorité sur les anciennes molécules pour ce qui concerne le risque tératogène grave, même si l’étude ne peut exclure totalement l’existence d’un léger surrisque ni la possibilité d’un risque de malformations mineures.
JAMA, 2011; 305(19):1996-2002.
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