Troubles bipolaires

Phase d'euthymie 

Publié le 15/12/2016
Article réservé aux abonnés

Le trouble bipolaire est marqué par l'alternance d'épisode dépressif et hypomaniaque, entre ces deux épisodes la phase d'euthymie. Récemment, des travaux ont mis en évidence la présence de symptômes résiduels durant ces périodes d’apparente stabilité qui entravent le fonctionnement psychosocial de l’individu et peuvent favoriser les rechutes (1). Ils impliquent principalement 4 dimensions cliniques majeures associées au trouble bipolaire : l’humeur, les émotions, les cognitions et le sommeil et les rythmes circadiens (figure 1).

50 % du temps en période asymptomatique

Les premiers travaux (2) ont permis de démontrer que les patients bipolaires ne restaient en période asymptomatique que 50 % du temps et présentaient des symptômes résiduels thymiques, principalement dépressifs le reste du temps. De nombreuses études ont confirmé depuis ces premiers résultats.

La dysrégulation des émotions, qui se distinguent de l’humeur par le caractère soudain, intense et limité dans le temps, est marquée par une hyperréactivité émotionnelle et une labilité émotionnelle qui sont plus importantes chez les patients euthymiques comparativement à des sujets contrôles (3).

Neurotoxicité des épisodes thymiques

Les patients bipolaires présentent également des troubles cognitifs (attention, mémoire verbale, et fonctions exécutives) durant les périodes d’euthymie (4). L’hypothèse d’une neurotoxicité des épisodes thymiques a été évoquée du fait d’un lien significatif entre la sévérité des déficits cognitifs et le nombre d’épisodes thymiques antérieurs.

Enfin les troubles du sommeil et des rythmes circadiens sont très fréquemment présents en période interépisodique.

L’identification d’une symptomatologie résiduelle durant ces périodes permet de considérer aujourd’hui le trouble bipolaire comme une pathologie chronique et active dans le temps. Cette symptomatologie pourrait être un trait de vulnérabilité du trouble bipolaire. Elle justifie de l’évaluer et de la traiter de manière plus systématique. Dans ce contexte, de nouvelles stratégies thérapeutiques ont été développées (ex. remédiation fonctionnelle).

CHU Clermont-Ferrand, Fondation FondaMenta

(1) Samalin L, de Chazeron I, Vieta E et al. Residual symptoms and specific functional impairments in euthymic patients with bipolar disorder. Bipolar Disord 2016;18(2):164-73

(2) Judd LL, Schettler PJ, Akiskal HS, et al. Long-term symptomatic status of bipolar I vs. bipolar II disorders. Int J Neuropsychopharmacol 2003;6(2):127-37

(3) M'bailara K, Demotes-Mainard J, Swendsen J et al. Emotional hyper-reactivity in normothymic bipolar patients. Bipolar Disord 2009;11(1):63-9

(4) Robinson LJ, Thompson JM, Gallagher P et al. A meta-analysis of cognitive deficits in euthymic patients with bipolar disorder. J Affect Disord 2006 Jul;93(1-3):105-15

Dr Ludovic Samalin

Source : Bilan Spécialiste