Innovations en oncologie

Pierre Fabre accélère avec le développement de deux nouvelles molécules

Publié le 23/11/2015
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Pour Frédéric Duchesne, directeur général de Pierre Fabre médicament et santé « Ce partenariat renforcera notre portefeuille de produits et notre présence à l’international, les deux molécules étant parfaitement adaptées à la vaste expertise de Pierre Fabre en oncologie et en dermatologie ».

On sait que les protéines RAF et MEK sont des protéines kinases clés dans la carcinogénèse (prolifération, différenciation, migration, survie, angiogenèse), qui sont anormalement activées dans de nombreux cancers (mélanomes, cancer du poumon non à petites cellules, cancer colorectal, de l’ovaire, de la thyroïde). Le binimetinib et l’encorafenib sont deux petites molécules ciblant ces deux enzymes, avec les promesses que l’on connaît.

Trois essais de phase III sont actuellement en cours dans des cancers avancés : deux avec le binimetinib seul, dans le mélanome avec mutation sur le gène NRAS (NEMO, dont les résultats sont attendus fin 2015) et dans le cancer ovarien séreux de bas grade (MILO). Le troisième essai associe binimetinib et encorafenib dans le mélanome avec mutation portant sur le gène BRAF (Colombus). La première indication probable et prochaine du binimetinib étant le mélanome avec mutation NRAS.

Opportunité pour Pierre Fabre

Ce vaste programme de développement comporte, outre ces essais de phase III (dont les résultats vont être rapidement publiés), pas moins de 30 essais de phase I/II, ce qui devrait aboutir à diverses indications. C’est pour ne pas casser cette dynamique que les institutions européennes ont imposé un « divorce » amiable à la petite firme du Colorado, Array, et à Novartis, comme conséquence de l’acquisition par cette dernière de l’activité oncologie de GSK. En effet, Novartis a déjà reçu une approbation pour une autre association d’inhibiteurs de MEK et de BRAF (FDA, janvier 2014), d’où la possibilité de distorsion de la concurrence. Au terme de cet accord, Novartis continuera à financer les essais cliniques en cours.

Array se devait de trouver un autre partenaire, en conservant les droits en Amérique du Nord, au Japon et en Corée. Très vite, Pierre Fabre est apparu comme un partenaire idéal, avec une solide implantation en oncologie (Navelbine, Javlor, Busilvex) et en Europe. Pour Pierre Fabre, en quête de nouvelles molécules, ce partenariat représentait une bonne opportunité, d’autant que les premiers résultats les rendent très prometteuses, en termes d’efficacité mais aussi de tolérance (photosensibilité, pyrexie), souligne Frédéric Duchesne.

Il s’agit certes d’un investissement important (jusqu’à 425 millions de dollars) pour une firme dont le chiffre d’affaires annuel se situe aux alentours de 200 millions de dollars. Mais, pour Frédéric Duchesne, cet investissement est très largement justifié par les potentialités de ces molécules, en particulier dans les mélanomes avec mutation BRAF. Il espère donc que la Commission européenne, dans le cadre de l’examen du respect des règles de concurrence, avalisera le partenariat signé avec Array BioPharma.

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Médecin: 9452