Les résultats de plusieurs essais cliniques suggèrent que la canagliflozine, un inhibiteur du cotransporteur sodium-glucose 2 (SGLT2-i) utilisé dans le traitement du diabète de type 2 (DT2), pourrait être associée à taux élevé d’amputations des membres inférieurs.
Une étude américaine s’est fixé pour objectif de quantifier l’association de ce risque d’amputation chez les DT2 nouveaux utilisateurs de SGLT2-i, en colligeant amputations des membres inférieurs y compris très distales et limitées, maladies artérielles périphériques, ischémies critiques des membres, ostéomyélites et ulcères. Basée sur une cohorte rétrospective, à partir des données portant sur les nouveaux utilisateurs de cette classe durant trois années (2012-2015), l’étude a porté sur 2 millions de clients d’assurances maladie aux États-Unis. Elle a comparé les DT2 nouveaux utilisateurs de SGLT2-i à un groupe de référence, les sujets DT2 nouveaux utilisateurs des traitements par DPP4-i ou GLP1-AR, soit seuls soit associés à d’autres antidiabétiques – sauf à un SGLT2-i, bien entendu.
Un temps d’observation trop court
Parmi les 2 millions de sujets éligibles, 953 906 (516 046 femmes et 437 860 hommes, d’un âge moyen de 52 ans) ont été inclus dans les analyses finales, dont 39 869 nouveaux utilisateurs de SGLT2-i (4,2 %), 105 023 de DPP4-i (11 %) et 39 120 de GLP1-AR (4,1 %). Après pondération, score de propension et divers ajustements (démographie, sévérité du diabète et des comorbidités, médicaments), il a été observé un surrisque d’amputation associé à la nouvelle utilisation du SGLT2-i, mais non statistiquement significatif. Toutefois, ce surrisque est élevé, de 50 %, par rapport aux DPP4-i et GLP1-AR, et multiplié par deux par rapport aux classes d’antidiabétiques plus anciennes (metformine, sulfamides, glitazones)… Le temps d’observation a cependant été assez court, moins de quatre mois par exemple pour les GLP1-AR, et jugé insuffisant pour qu’on puisse en tirer des leçons.
Cette étude portant, comme les précédentes qui alarmaient sur ce risque, sur la canagliflozine, qui domine très largement le marché américain, la question se posera rapidement de savoir si c’est un effet de cette molécule ou de la classe entière des SGLT2-i. Dans ce second cas, faudrait-il sélectionner les DT2 candidats aux SGLT2-i ? Bien compliqué pour une maladie de masse, pour laquelle d’autres antidiabétiques existent déjà ! Enfin, quel est le mécanisme impliqué ? Une hémoconcentration sur un terrain artéritique ? À suivre de près.
Professeur émérite à l’université Grenoble Alpes
Chang H Y et al. Association between sodium-glucose cotransporter 2 inhibitors and lower extremity amputation among patients with type 2 diabetes. JAMA Intern Med. 2018 Sep 1;178(9):1190-1198
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